Festival Que du feu 2024 encart

INCH'ALLAH

Un inadmissible mur

Chloé est une jeune sage femme québécoise, installée en Israël, travaillant dans une petite clinique d’un camp palestinien de Cisjordanie. Amie de Ava, jeune militaire israélienne, elle va aussi le devenir avec une patiente, Rand…

S'ouvrant sur une femme de dos se dirigeant, en plein soleil, vers une terrasse de café, et un bruit soudain d'explosion, on se doute qu' "Inch'Allah" ne se terminera pas sur une note positive. Bouclant sur cette scène en fin de long métrage, on pourra alors mesurer tout le chemin psychologique effectué par les divers personnages. Le film de Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice du making-of du réputé "Incendies", nous entraîne ainsi en territoire divisé, relatant une spirale de violence qui s'auto-alimente.

Mettant progressivement son personnage principal (Evelyne Brochu) face à l'impossibilité de ne pas prendre parti, le film montre une guerre de tous les jours, du deuil d'un enfant écrasé par un véhicule militaire au pied du mur de séparation, aux attentes interminables et humiliations quotidiennes à chaque Check-point. De manière frontale, il décrit les rouages d'une misère organisée et donc insupportable, où selon les tensions et les agissements d'« autorités » aveugles, les services les plus basiques sont supprimés ou inaccessibles.

Si l'intention est louable, tout comme le fond du discours (l'étranger ici, tout volontaire qu'il soit, n'a pas sa place comme intermédiaire, car ce n'est pas sa guerre), le film souffre d'une facilité dans le destin tout tracé de Sabrina Ouazani, modérée qu'on devine rapidement comme pouvant basculer. L'accumulation de malheurs sur cette famille, dont on montre au final le seul point de vue, finit par amenuiser la force d'un discours pourtant légitime, qui aura valu au film le Prix de la critique section Panorama du Festival de Berlin 2013, ainsi qu'une mention du jury œcuménique. Un film intransigeant, dans sa force brute, comme dans sa volonté de dénoncer une situation insupportable, dont les spectateurs ne devraient « pas accepter de jouer le jeu ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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