MARY ET MAX
A la croisée de deux solitudes: bouleversant
Pour son premier long métrage d’animation, Adam Elliot, dessinateur, scénariste et réalisateur, délivre le récit poignant d’une rencontre improbable. Peignant le portrait de deux personnages que tout oppose, à travers des lettres aussi naïves qu’éclairées, il explore un désir universel : celui de s’accepter et d’être aimé. Car malgré la différence d’âge et la distance géographique, les deux héros se lient d’une amitié grandissante. Leur solitude, parfaitement retranscrite par les décors vides du film, et leur innocence, que les mots reflètent à merveille, ne font que renforcer la pureté du propos.
Usant de techniques d’animation innovantes, Adam Elliot réexplore complètement le monde de la pâte à modeler. Optant pour un formalisme poussé, il crée un univers d’un esthétisme rare, où toute composante créative, des décors aux marionnettes en passant par les choix musicaux, contribue à intensifier le récit. Le choix des couleurs est notamment lourd de sens, puisque le gris qui caractérise New-York et les tons sepia de Melbourne sont tranchés par des touches de rouge, accentuant le symbolisme de certains objets.
Une fois n’est pas coutume, un film d’animation se base sur des sujets graves - l’alcoolisme, le handicap, la laideur et la maladie mentale - et en extrait une certaine forme de poésie, non dénuée d’humour (assez noir il faut dire). Il y plane une ambiance étrange, entre le drame et le conte, qui ne laisse pas indifférent. Car derrière la destinée de Mary et Max, c’est un peu la vie de chacun qui transparaît. Une histoire belle et triste, qui prône la tolérance envers et contre toute apparence, et finit par se réfugier quelque part, au fond de chacun, là où on ne pourra pas l’oublier.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur