ARRÊTE TON CINÉMA !
Absolument frustrant
Sylvie Testud, outre ses talents d’actrice et de réalisatrice, écrit aussi des romans. Le dernier en date, « C'est le métier qui rentre », est inspiré de ses déconvenues à réaliser un film qui n’a jamais pu aboutir. Dépitée à présent pour passer derrière la caméra, c’est sa grande amie Diane Kurys qui se charge d’adapter ce dernier roman sous le titre de « Arrête ton cinéma ».
Cette critique sarcastique du monde du cinéma repose principalement sur les odieuses Ingrid et Brigitte, deux productrices particulièrement tyranniques qui humilient leur personnel et tiennent des propos douteux sur toutes personnes ayant une couleur de peau différente de la leur. Exubérantes et imprévisibles, elles s’accaparent le projet de Sybille, en lui imposant des changements de scénario absurdes et ridicules. Ces personnages éhontément détestables auraient dû constituer un terreau parfait pour une comédie atrocement cynique qui défierait toutes les lois du politiquement correct.
Et pourtant… Balasko et Zabou ont beau tout donner dans la caricature, le film reste figé dans une mièvrerie désolante. Construit comme une comédie sentimentale, le récit ne laisse guère de place au trash et les quelques tentatives de situations débridées se résument finalement à deux-trois clichés réchauffés : les traces de coke sur le nez, les caprices d’actrices et la vedette has been qu’on impose en show final. Le rythme plan-plan et la pseudo crise de couple entre Sybille et son mari dégoulinant de gentillesse éradiquent tout sur leur passage, laissant nos deux productrices se gausser toutes seules de leur infamie.
Mais ce qui est le plus désolant dans cette histoire c’est que tous les ingrédients étaient réunis pour faire une bonne comédie. Le sujet était accrocheur, les actrices douées, la réalisatrice est plutôt une valeur sure (souvenez-vous du magnifique "Diabolo menthe") mais au final, le film est insipide voire ridicule. Un raté qui répond comme un écho à l’agacement provoqué il y a quinze ans par "Absolument Fabuleux", l’adaptation catastrophique de la mythique série anglaise "Absolutely fabulous". Les personnages sont très proches et les grosses ficelles utilisées sont les mêmes puisqu'ici Chantal Goya est remplacée par Patrick Juvet. Le titre est de mauvais augure et espérons qu’il ne soit pas prémonitoire pour ses auteures. N’arrêtez pas votre cinéma Mesdames, mais oubliez celui-là, il ne vous ressemble pas.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur