CLIENTE
Un bien joli trio
Adapté de son propre roman, « Cliente » est le nouveau film d'un Josiane Balasko, toujours aussi férue de dialogues cousus-main, mais dont les excès et le penchant boulevard semblent s'assagir le temps d'une histoires aux dimensions humaines indéniables. Exit donc les pitreries de « Ma vie est un enfer » ou les portes qui claquent de « L'ex femme de ma vie », deux de ses précédentes réalisations, la voici plus proche de l'esprit de « Gazon maudit », le réalisme en plus.
Durant les premières minutes du film, l'inquiétude se fait pourtant jour, notamment parce que les dialogues, certes écrits, ne paraissent pas d'un naturel évident, notamment lors des scènes sur le plateau télé, et du retour des deux collaboratrices dans leurs appartements respectifs, étrangement voisins. Mais rapidement, l'on s'aperçoit, que ces deux personnages, qui incarnent deux visions radicalement différentes de la vie et de l'amour (pragmatisme et existence du prince charmant), sont indispensables l'un à l'autre.
Le duo d'actrices Balasko / Baye fonctionne d'ailleurs à merveille, dans les moments de complicité, comme au travers des vacheries échangées avec parfois un calme olympien. Faussement distante, la seconde compose également avec Caravaca, un couple dont la tendre attraction balaye tous les obstacles de la raison. On n'attendait certes pas l'acteur de « La chambre des officiers » dans ce rôle de gigolo, mais il avait déjà prouvé qu'il n'est jamais meilleur que dans les moments d'intimité (voir « Mon frère »), nombreux dans ce film. Enfin, Isabelle Carré est plus que crédible dans son rôle de femme paumé, dominée par une peur qui devient également son moteur.
Certes « Cliente » est une comédie, un film d'acteur, mais c'est aussi une réflexion éclairée sur le rôle protecteur de l'argent, qui évite ici au personnage de Nathalie Baye de s'impliquer dans une quelconque relation. Même si le scénario n'évite pas les clichés (l'assistante pleurnicharde qui tombe amoureuse sans arrêt du mauvais mec, l' assistant homo qui ne parle que du physique des invités et va dans les bars « à nounours »), il en ressort un charme indéniable et une envie de croire à des unions ou des évasions possibles.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur