FLEURS DU MAL
Un film générationnel porté par l’énergie de la jeunesse
David Dusa réalise avec « Fleurs du mal » son premier long-métrage pour le cinéma. Le film est né en 2009 quand les événements en Iran montrent l’effervescence de la jeunesse iranienne qui s’emploie à jouer un rôle de reporter en postant sur YouTube une quantité infinie de vidéos amateurs montrant les horreurs de la riposte policière à l’encontre des manifestants. Dusa commence à en collecter plusieurs heures et cherche à écrire une histoire pour les utiliser dans son film. Il imaginera la fuite d’une jeune téhéranaise poussée par ses parents inquiets de l’ampleur que prennent les représailles subies par ceux qui se soulèvent contre le gouvernement iranien… Il imaginera la rencontre de deux « écorchés » qui, bien que très différents, se trouveront de nombreux points communs et que l’amour réunira l’espace d’un séjour parisien pour Anihita, reliée à son pays et aux siens uniquement grâce à Internet, ses réseaux sociaux et ses plates-formes vidéo…
David Dusa filme l’énergie d’une jeunesse en mouvement. Il rend hommage aux indignés de Madrid, aux manifestants tunisiens… à toute cette jeunesse connectée, liée de par le monde grâce à la toile et qui n’a plus peur de sortir dans la rue pour faire entendre sa voix. Sa caméra cherche le mouvement, elle tourne autour de ses comédiens. Le jeune Gecko est atteint par le virus de la danse et ne rate jamais une occasion pour performer dans la rue, dans le métro, dans les rayons de supermarché… !
Le film est finalement très générationnel et très contemporain : il empreinte à la culture Internet, aux nouvelles technologies et à la danse contemporaine. Dusa fait de nombreux mélanges : il marie des cultures différentes qui s’apportent entre elles, il mixe toutes les musiques passant du classique à l’électronique, il oppose les terribles images de YouTube en Iran à l’histoire d’amour à la parisienne : ses « Fleurs du mal » en quelle sorte, Baudelaire rivalisant de génie dans ses poèmes en opposant le spleen et l’idéal…
Le couple de l’histoire fonctionne parfaitement. Les deux comédiens sont de véritables révélations. Danseur et yamakasi, Rachid Youcef explose dans ce rôle qui lui colle à la peau. Quant à Alice Balaïdi, ce n’est que le début d’une carrière qui s’annonce pleine de belles promesses. Leur sincérité et leur naturel transpirent à l’écran, tout comme leur vitalité et leur envie de vivre qui définissent si bien ce joli premier film.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur