ALABAMA MONROE
Une histoire poignante sur fond de country
Le réalisateur flamand Félix Van Groeningen – celui-là même qui avait débarqué nu et en vélo pour son précédent long-métrage "La Merditude des choses" à Cannes – nous invite à plonger, cette fois, dans l’intimité d’un couple fusionnel. Par une construction non chronologique, entièrement maîtrisée, le spectateur suit le destin tragique d’un couple éperdument amoureux, formé par un musicien amateur et une tatoueuse, Didier et Élise. S’ouvrant sur une prestation du groupe de country du premier, la trame narrative alterne entre présent et passé pour montrer le combat de cet amour contre la fatalité. Mélodrame intense, ce long-métrage est avant tout doté d’un scénario intelligent, débordant de vérité et de sincérité, qui évite astucieusement toutes les niaiseries habituelles du genre. Car si l’émotion est palpable sur la pellicule, c’est avec subtilité que le cinéaste parvient à nous faire monter les larmes aux yeux.
Esthétiquement très réussi, en particulier grâce à un remarquable travail sur la photographie, "Alabama Monroe" multiplie les scènes d’une extrême intensité, parvenant à mêler humour et tragédie avec agilité. La force de l’histoire suffisant, le réalisateur évite intelligemment tout effet de style ostentatoire. L’alchimie entre les deux protagonistes principaux est parfaite, transcendant la relation passionnelle du couple par une multitude de nuances. Néanmoins, les plus réfractaires à la musique country risquent vite d’être horripilés par ce film, les séquences musicales étant foison. Si celles-ci transposent musicalement les émotions des personnages, plusieurs n’étaient pas nécessaires, ce qui finit par atténuer la puissance du récit.
Mais le casting parfait, ainsi que l’énergie et la fougue que dégage ce métrage, suffisent pour nous faire oublier cette légère overdose musicale. D’une beauté vive, "Alabama Monroe" prend aux tripes, celui-ci évoquant des thèmes face auxquels il est difficile de rester insensible. Si la réflexion sur la religion et la foi est quelque peu maladroite, la manière dont est traité le déclin de ce couple face aux différentes péripéties finit par nous emporter. Les différentes phases qu’ils traversent, chacun survivant comme il le peut, sont montrées avec une incroyable justesse, sans aucun faux-semblant. Il serait donc bien dommage de ne pas se laisser embarquer par cette expérience en raison de quelques maladresses…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur