AU BOUT DU CONTE
Les histoires d’amour finissent mal en général
Comme son nom l’indique (ainsi que le grand chapeau de magicienne que porte Agnès Jaoui sur l’affiche), ce nouvel opus du duo Jaoui-Bacri parle de contes de fées. De ces belles histoires d’amour dont on berce les enfants dès le plus jeune âge, et qui ne sont, à y regarder de plus près, que de vastes mensonges, pour leur donner l’espoir d’une vie tranquille et rassurante. Mais que nenni ! Ici les couples se chamaillent, divorcent, vieillissent mal, demandent beaucoup d’efforts et succombent parfois à la tentation d’aller voir ailleurs. Et c’est cette dure réalité que vont avoir à affronter les deux jeunes tourtereaux de ce conte : Laura (Agathe Bonitzer) et Sandro (Arthur Dupont).
Afin de plonger le spectateur dans un univers narratif féerique, chaque chapitre de l’histoire commence par un tableau qui s’anime, à la manière d’une illustration ou d’une enluminure. Les personnages aussi ont été construits en fonction des héros de contes, comme le Petit chaperon rouge, Cendrillon, la bête, la marraine, la marâtre, le lapin d’Alice au pays des merveilles… Mais sous ces allusions enfantines, on retrouve l’univers incisif du couple Bacri-Jaoui et ses réflexions acerbes sur l’amour et ses désillusions, mais ceci toujours avec le sourire. Car « Au bout du conte » n’est pas un film revendicateurs, mais bien une comédie où l’on se bidonne. On se plaît à revoir Bacri râler, à regarder ce qui se passe au second plan dans chaque scène, à se railler du personnage de la fille d’Agnès Jaoui, une jeune fille perturbée par le divorce de ses parents, qui se plonge dans la lecture de la bible et tombe en adoration devant le Christ…
Il est fort de constater qu’Agnès Jaoui, 5 ans après « Parlez moi de la pluie », n’a rien perdu de son talent et de sa plume, et ses collaborations avec son éternel partenaire, Jean-Pierre Bacri, sont toujours aussi fructueuses et jubilatoires, même si certains pourraient s’agacer de le voir en permanence tenir le rôle du vieux bougon de service. Dans un sens, avec ce film, elle tente de raconter l’histoire qu’elle aurait souhaité trouver dans un conte, afin de ne pas tomber en désillusion une fois arrivée à l’âge adulte… Mais finalement, n’est ce pas tout de même bon de rêver un peu.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur