THE TRIBE
Un brillant premier film
Reparti avec le Grand Prix de la Semaine de la critique 2014, le film ukrainien "The Tribe" a été le véritable choc du Festival de Cannes 2014. Une déflagration qui n’a finalement pas rapporté à son auteur la Caméra d'or, mais qui laissa sur le carreau bon nombre de festivaliers, captivés par les plans-séquences qui composent le film, autant que par l’atmosphère de violence qui s’impose dans cet univers silencieux.
Car le film ne comporte que des personnages principaux sourds-muets, l’habille mise en scène, par ses mouvements de caméra et le placement des acteurs, permettant de ne jamais rien entendre des rares personnes non muettes (un plan de l’autre côté de la rue quand le personnage principal demande son chemin à la sortie du bus, un autre qui s’arrête derrière une vitre lorsqu’on assiste à la rentrée des classes, etc. …). À cette prouesse technique s’allie le jeu sans faute d’une pléiade de jeunes interprètes à qui il est demandé parfois de figurer le plus dur (quelques tortures improvisées, un avortement à l’aiguille…).
Globalement, "The Tribe" allie bien des qualités, un scénario limpide et torturé, un parti pris radical, une mise en scène fluide et sublime dans sa composition des plans, et un final à vous glacer le sang. Extrêmement violent dans sa dernière demi-heure, le film comporte quelques scènes choc, données à voir sans détour, et dépeint une Ukraine dangereuse, au travers des agissements d’une communauté où règne exploitation de la gente féminine, brimades, phénomènes de bandes, et exactions en tous genres. Ce qui commençait comme un film sur un établissement scolaire à part, au comique visuel à la Tati (lorsque l’on rackette quelqu’un, on retourne le gamin pour en faire tomber les pièces...) se transforme vite en brûlot puissant. Pour donner un film immense, tout simplement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur