KUMBH MELA, SUR LES RIVES DU FLEUVE SACRÉ
Naissance de vocations
Pan Nalin, révélé chez nous avec "Samsara" en 2001, nous invite à nouveau au voyage, entre dépaysement et spiritualité, décrivant le déploiement du plus grand pèlerinage au monde, au travers de différents portraits de pèlerins, de marchands locaux, d'un enfant en fugue, d'un Sadhu, ou encore d'un Yogi qui élève seul un bébé abandonné. Bien sûr l'événement impressionne par son gigantisme, le réalisateur capturant, en filmant souvent à hauteur de ces enfants qui l'intéressent particulièrement, le caractère grouillant et englobant de cette fourmilière, où s'installent tentes (le camp est érigé dans le lit de la rivière) et flottent drapures. Au milieu des rencontres et des destins qu'il raconte, il décrit aussi le fonctionnement du lieu, et notamment d'un bureau créé pour les gens perdus (135 000 personnes sont déjà portées disparues au bout d'à peine 6 jours).
Mais durant les 55 jours que dure l'événement, c'est toujours vers l'humain qu'il revient, pour finalement se concentrer, en capturant au passage les coutumes, sur la figure d'un gamin malicieux dont les parents seraient prétendument décédés. Débrouillard, vaillant, capable de traits d'esprits, le garçon fascine et inquiète à la fois, posant la question d'une Inde reculée sans réel avenir, et d'un désir d'exil. Autour de lui, les adultes amusés, dont certains l'emploient ponctuellement, ne savent pas trop cerner ce garçon éveillé, beau symbole d'un pays en mutation, qui demande encore à prendre sa place dans le monde. Un film captivant et beau.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur