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LA CLE DES CHAMPS

Un film de Benjamin Cantu

Émois adolescents en milieu agricole

En Allemagne, dans un centre de formation aux métiers de l'agriculture, Marko, élève de dernière année, se trouve étranglé par sa peur de rater son examen, son incapacité à maîtriser correctement l'écriture et son attirance diffuse pour un nouvel élève...

Sortie en DVD le 6 mars 2012

« Stadt, Land, Fluss » est un film sur l'affirmation de soi et l'importance de l'éducation, qui prend d'emblée le parti d'une approche documentaire. Montrant la proximité des jeunes étudiants avec la nature qu'ils seront amenés à exploiter dans leur futur métier, le réalisateur aborde cette thématique en terme fusionnel. Quelques scènes marquantes affirment cette approche naturaliste, comme la recherche curieuse du petit chat, le besoin de se confronter à l'arrosage automatique en se laissant envahir par la pluie qu'il génère, ou encore la plongée dans l'étang pour une baignade fugace.

On notera d'ailleurs l'omniprésence de l'eau, comme élément fondateur, nécessaire autant à l'agriculture, qu'à l'homme dans sa survie. Un fluide qui manque encore à la vie de ces adolescents en devenir. Car ces jeunes hommes ressentent avant tout l'éducation comme un carcan qui les enserre, leur imposant de réaliser des dossiers, le monde extérieur exigeant des fermiers de ne pas être illustrés. Mais Marko, le héros de l'histoire devra pourtant réussir son examen et entrer dans le monde réel. Parce que la retraite hors du monde, quel que soit son traumatisme, ne peut durer qu'un temps. Et chacun a besoin d'avoir des amis, d'entrer en contact avec les autres, voire comme lui, d'assumer les pulsions sexuelles qui en découlent.

« Stadt, Land, Fluss » est donc un film initiatique, dont la symbolique n'est pas absente, se traduisant notamment dans la présence de cette vieille voiture abandonnée, que les deux personnages principaux vont retaper et arriver à faire remarcher. À l'image de leurs propres vies, faites de solitude et de familles éclatées. Seule ombre au tableau, une chronologie qui laisse un peu sceptique sur la fin. En effet, comment expliquer, alors que l'été semble bien présent, qu'au petit matin l'on aperçoive de la neige sur un chemin, et que l'on repasse directement à une sensation d'été dans les jours qui suivent ? Le film réussit cependant à toucher, avec une histoire de ce rapprochement hasardeux entre deux jeunes hommes, sous l’œil d'un encadrement bienveillant, qui lui aura valu le Prix des lecteurs du Siegessäule aux Teddy awards 2011, lors du Festival de Berlin.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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