FAIRE L'AMOUR
Communications chaotiques et compliquées
Au vu du buzz et de l'accueil qu'avait suscité son précédent film, "Donoma", "FLA" était pour le moins très attendu en ouverture de la 53ème édition de la Semaine de la Critique. Djinn Carrenard revient donc deux ans après l'aventure "Donoma le film fait avec 150€". Que ceux qui avaient adoré le style de son précédent film se rassurent, on retrouve parfaitement cet aspect « tournage sur le vif » aux mises au points intempestives, entrecoupé de séquences à la scénique plus travaillée pour les moments d'introspection. C'est en revanche sur le fond que "FLA" se différencie de "Donoma" et peut décevoir bon nombre de spectateurs.
Djinn Carrenard délaisse cette fois les récits choraux pour ne suivre qu'une petite poignée de personnages. Parmi eux, on y trouve Oussmane, rappeur imbu de sa personne qui persuade Laure, une jeune hôtesse de l'air avec qui il attend un enfant, de faire sa vie avec lui, et, Kahina, un troisième protagoniste, intrus dans la relation qui n'est autre que la sœur de Laure sortant de prison. "FLA", acronyme de "faire l'amour", explore les relations conflictuelles de ce trio passant le plus clair de son temps à s'engueuler. C'est pour le coup beaucoup moins introspectif et bien plus « animal » que "Donoma". Durant 2h45, c'est à double tranchant. Soit vous prendrez ces joutes verbales à la rigolade et apprécierez le mordant de certaines répliques, soit ces engueulades (dont certaines tirées en longueur inutilement) vous exaspèreront au plus au point et vous vivrez la projection comme un calvaire. Pour vous donner une idée, l'aspect désordonné et chaotique des altercations rappelle parfois "Rengaine" de Rachid Djaidani, voire certains Kechiche.
Si "Donoma" avait déjà certains problèmes avec sa structure causant certaines longueurs, "FLA" aurait également gagné à être raccourci. Néanmoins, toute la puissance du film réside une nouvelle fois dans la vivacité et toute l'énergie que dégage l'ensemble. Et ceci provient en majeure partie des comédiens tous absolument impeccables. Azu et Maha sont impressionnants et livrent tous deux nombre de scènes fortes. Laurette Lalande, d'abord coincée dans un rôle de pimbêche trouve également de quoi faire respirer son personnage et lui faire prendre une nouvelle ampleur. Au final, même s'il souffre de défauts qui étaient déjà inhérents à "Donoma", "FLA" est sauvé par exactement les mêmes qualités : un cinéma vif et vivant qui parvient à nous happer grâce à l'excellence des comédiens qui se dévouent à leurs personnages.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur