SUBMARINE
Adolescent pas aidé
Monté à la manière d'un journal intime, fait de collages, rythmé comme le cerveau d'un ado en plein questionnement, pouvant passer du coq à l'âne, et trouver des liens de causes à effet, là où il n'y en a pas forcément, "Submarine" est un acide portrait d'ado, en pleine affirmation. Découpé en trois chapitres, l'un consacré à la petite amie (Jordana), le second au voisin allumé qui pourrait bien être l'amant de sa mère (Graham), et le dernier au "show down" de Oliver, le film s'attache aussi à montrer la maladresse de parents, au final très attachants.
Coincés dans l'image de couple calme mais qui n'a pas de sexualité (c'est au moins la vision que peut en avoir Oliver), ils ne savent pas vraiment communiquer avec leur fils, sans en devenir ridicules. Le père, par exemple, soucieux du bon déroulement de la première relation amoureuse de son fils, lui concoctera une cassette de chansons : une face pour l'amour, une face pour la rupture. L'intention est là, l'avertissement aussi. La mère, elle, est une angoissée permanente, qui s'éloigne peu à peu.
La bonne idée du film est d'adopter en permanence le point de vue de l'ado. Il se fait ainsi ses mini-films, se tapant par exemple une amusante rétrospective de sa relation, ses « 2 semaines avec Jordana ». De même, le rapport avec les parents s'inverse progressivement, Oliver en devenant presque paternaliste. Alors que son père devient dépressif, il s'immisce dans son histoire, pensant que « papa et moi, on veut sauver ce couple », ne comprenant encore que peu de choses au monde des adultes. Jouissif, "Submarine" est au final à l'image de son héros: délicieusement immature et gentiment torturé.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur