AU BOUT DE LA NUIT
L.A. pas très confidentielle
A la vision de sa scène d'ouverture, on se demande si « Au bout de la nuit » ne va pas verser dans le polar façon Steven Seagal, où un super vengeur se charge de libérer des otages coûte que coûte, souvent au mépris de la loi, et de faire payer leurs ravisseurs. Et même si dés le départ, on ne croit pas une seconde aux dialogues trop estampillés « petites frappes », on a tout de même envie de découvrir la suite. Mais cette histoire à la « L.A. Confidential », quelques 50 ans plus tard, décrivant les mêmes issues (corruption, justice directe, abus de pouvoir, trafic organisé), est loin d'atteindre la subtilité ou le charme de son modèle.
Parce que les personnages sont quasiment tous stéréotypés. Keanu Reeves, joue ainsi un alccolique très premier degré (comme celui interprété par Russell Crowe dans « LA... »), mais aussi arriviste et nerveux, qui, aidé par un incorruptible (ici Chris Evans, trop « bleu » pour son âge, remplaçant le Guy Pearce du modèle...), va finir par défier son propre chef (Forest Whitaker, aux rôles décidément récurrents de détraqués aux pouvoirs trop importants). Le plus intéressant est finalement celui qui les observe de plus ou moins loin, le responsable de l'IGS en personne, interprété par Hugh Laurie (« Docteur House »), cynique à souhait, mais malheureusement trop rare.
Le comble est atteint avec les portraits faits des différents gangsters qui jalonnent le récit, et pour lesquels les scénaristes ne se sont vraisemblablement pas embarrassés d'un quelconque soucis de crédibilité. Tous crachent le morceau avec une telle facilité, qu'ils soient au volant ou emmaillotés dans des fils barbelés, dénonçant leurs amis, prétendument au risque de leur vie ! Leurs scènes sont assez symptomatiques des défauts du film, qui manque cruellement de tension, cherchant artificiellement, par les dialogues, à en créer, qu'il s'agisse du dealer qui lâche à Keanu Reeves, que son collègue « le rend nerveux » alors qu'il ne bouge pas, ou du policier lui-même qui assène à son collègue, transpercé de dizaines de balles un vache « tiens-bon! ». En bref, les fusillades comme le défilé de blacks et latinos n'ont rien d'inquiétant, et achèvent de décrédibiliser un scénario qui avait déjà bien du mal à affirmer une quelconque originalité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur