HOUSE OF TIME
Que c'est confus
Tout d'abord, il faut bien avouer que le thème du voyage dans le temps est particulièrement difficile à traiter au cinéma. En effet, entre paradoxes temporels et effet papillon, difficile d'écrire une histoire sans incohérence et/ou insuffisance dans la narration. C'est pourquoi nous nous devons d'avoir une certaine retenue sur ce point, puisque même les plus grands films du genre ont laissé passer d'énormes incohérences.
Mais à la différence de l'immense majorité de ces films, qui mettent en place des intrigues compliquées basées sur la modification du passé et/ou sur la connaissance anticipée du futur, "House of Time" préfère la jouer minimaliste. En effet, le film est un huit clos, ce qui lui donne quelque chose de très théâtral. La scène d'exposition, qui se déroule dans l'un des salons du château, donne d'ailleurs immédiatement le ton. On nous présente les personnages de manière presque mécanique avec nom, lien de parenté ou d’amitié, profession… C’est un peu plat et en même temps, on reçoit une importante somme d’informations. L’aspect presque scolaire de cette présentation des personnages nous saute tellement aux yeux qu’on peine même à se concentrer qui ce qui est dit. Pourtant ces informations sont capitales pour que le film fonctionne. En effet, en huit clos, les échanges entre les personnages et les dynamiques relationnelles qui les motivent sont les principales sources d’action. Il est primordial de savoir ce qui motive les différents protagonistes, les affinités qui peuvent exister entre eux, etc.
Vous l’aurez compris, l’angle qu’adopte Jonathan Helpert, dont c’est le premier long-métrage, vis-à-vis du voyage dans le temps est assez original, très réaliste. En effet, si certains personnages ont bien conscience que la moindre modification provoquée par leur voyage dans le passé pourrait changer la face du monde, d’autres voient plutôt tout cela comme un grand jeu de rôle organisé par leur ami.
Dès lors, il est très difficile de savoir à quoi s’en tenir. L’intrigue du film ne repose en effet plus sur les conséquences du voyage temporel mais sur l’existence même de ce voyage. Une approche qui pourrait donner lieu à un génial thriller en huit clos, sauf que dans "House of time", l’action est bien trop lente pour créer une tension ! Du coup, on attend bêtement le fin mot de l’histoire pendant que le film nous fournit des indices censé nous aiguiller vers la « réponse ».
C’est lent, c’est poussif, et cela ne tient pas uniquement à la mise en scène. En effet, il y a aussi un sérieux problème au niveau de l’écriture des personnages ou de leur interprétation. Certains en font trop et d’autres pas assez. Robert, interprété par Maxime Dambrin, dont c’est le premier rôle au cinéma, est un personnage assez perturbant, dans le mauvais sens du terme. Sa psychologie, sa manière d’être... tout sonne faux. Pourtant c’est le personnage le plus important du film étant à l’origine de toute l’histoire et étant le seul à connaître la vérité à propos de ce « voyage temporel ». Il devient donc vite très agaçant de se voir obligé de décrypter chacune de ses étranges expressions pour essayer comprendre où il veut en venir, où ce film veut en venir.
Toutefois, d’un point de vue purement formel, le film est plutôt plaisant. La lumière est belle, les costumes jouant sur la mode des années 40 donne un petit côté désuet assez sympa et les dialogues des scènes secondaires marchent plutôt bien. Mais le film n’en reste pas moins poussif et confus ! Dommage, car l’idée de base était intéressante…
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur