NOUS TROIS OU RIEN
Un film où l'équilibre du ton ne tient qu'à un fil
L'humoriste Kheiron, rendu célèbre sur les écrans grâce notamment à la série "Bref", passe du stand-up à la caméra avec ce joli premier film "Nous trois ou rien" qui raconte le destin courageux de ses parents qui ont fui la politique islamiste de Khomeini pour se retrouver en France. Avec ce film sincère et touchant, Kheiron se démarque des autres standuppers passés devant ou derrière la caméra, puisqu'il évite la simple comédie.
En effet, avec le sujet de "Nous trois ou rien", on a plutôt droit à un conte dramatico-social ne lésinant pas sur des pointes d'humour assez osées. Rendez-vous compte : le chah d'Iran est interprété par un Alexandre Astier qui resservirait presque son personnage du roi Arthur dans "Kaamelott". Au départ, la légèreté de ton face au sujet on ne peut plus dramatique (Hibat est roué de coups à plusieurs reprises) désarçonne tant et si bien que l'on se demande si ce parti pris va tenir tout du long. Heureusement, dès qu'Hibat rencontre sa chère et tendre Fereshteh, le jeune réalisateur trouve un équilibre qui ne lâchera jamais le reste du long métrage. La suite, se déroulant en France, adopte un ton plus tendre et émouvant, correspondant mieux avec cette légèreté. Ce n'est pas pour autant que Kheiron abandonne les séquences un peu plus frontales puisque le film se transforme lors de cette seconde partie en chronique sociale.
"Nous trois ou rien" nous fait donc passer du rire aux larmes avec un certain brio comparable à celui de Marjane Satrapi dans "Poulet aux Prunes". Avec un casting ciselé des premiers aux seconds rôles (le duo Gérard Darmon et Zabou Breitman est excellent, tout comme Michel Vuillermoz et Carole Franck ou encore les hilarants Jonathan Cohen et Khereddine Ennasri), Kheiron nous fait découvrir des personnages hauts en couleur à l'énergie communicante. Et même si l'on sent un peu édulcoré son propos de la chronique sociale sur la partie française, le jeune réalisateur franco-iranien parvient étonnamment à éviter les écueils démagogiques ou larmoyants. Plutôt qu'un film social ou politique, on se dit, à l'issue de la projection, que Kheiron a réalisé, avec "Nous trois ou rien", un bel hommage à ses parents. Au vu du résultat, il a de quoi être fier d'eux, et eux de lui.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur