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ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX

Irrésistibles irréductibles !

En l’an 50 avant J.C., Jules César imagine un plan diabolique pour déloger le petit village armoricain peuplé d’irréductibles gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur romain : le cerner par la civilisation romaine. Forçant ainsi ce peuple barbare à s’adapter ou à disparaître ! Pour cela, il missionne Anglaigus, architecte dont les ouvrages ne s’écroulent pas, à la construction du « Domaine des Dieux » , un immense complexe immobilier encerclant le village…

Déçus par les dernières adaptations cinématographiques, les fans du petit gaulois désespéraient de retrouver la qualité et l’humour des bandes dessinées sur grand écran. Cette nouvelle adaptation, en images de synthèses cette fois-ci, menée sous la baguette d’Alexandre Astier ("Kaamelott, "David et Mme Hansen"…) et de Louis Clichy (qui a collaboré avec Pixar sur "Là-haut" et "Wall-E") laissait espérer un long métrage à nouveau digne d’Astérix et Obélix.

Soulagé, dès les premières secondes le spectateur est conquis ! 3D et images de synthèses se conjuguent à merveille pour offrir la déclinaison parfaite de tout l’univers d’Astérix au cinéma. Les deux réalisateurs on su trouver le bon équilibre pour concevoir le parfait film d’animation au service de l’univers imaginé par René Goscinny et Albert Uderzo. "Astérix et le domaine des dieux", c’est l’adaptation qui efface toutes les autres. Car elle est la traduction la plus fidèle de tous les aspects de la BD.

En volumes et en mouvement, l’alternance Gaulois / Romains présente dans les albums est littéralement sublimée. On commence par le petit monde des Gaulois, où les cadrages serrés nous rapprochent de la nature et du sol, comme par exemple dans la scène de la poursuite du sanglier par Idéfix, où la séquence se déroule à hauteur du petit chien. Puis on passe aux Romains, aux plans larges témoignant de la grandeur de Rome et de ses arènes gigantesques, un Jules César tout en contre-plongées menaçant sous son aigle impérial, et des bâtisses gratte-ciel.

Pour "Astérix et le Domaine des Dieux", Alexandre Astier a eu la bonne idée de faire appel au comédien Roger Carel, qui est la voix la plus célèbre d’Astérix. Un signal de plus en direction des fans. Il a d’ailleurs construit son film autour des prestations d’acteurs et actrices enregistrant les voix plusieurs mois avant la réalisation des images pour coller ensuite encore plus aux interprètes. Au casting on retrouve donc les deux meilleurs réalisateurs d’Astérix : Alain Chabat en sénateur romain manipulateur et Alexandre Astier pour le centurion Oursenplus. Au service de leurs personnages, on appréciera tout particulièrement Lorànt Deutsch et Laurent Lafitte, respectivement Anglaigus l’architecte et Duplicatha l’esclave porte-parole du groupe pour les revendications, ce dernier s’exprimant avec des intonations d’une douceur déconcertante. Sans oublier Artus de Penguern, la voix de Petiminus, qui réalisait ici l’une des dernières prestations avant sa disparition.

La narration et les thèmes de l’histoire originale sont conservés. Les grandes étapes du récit sont les mêmes que dans l’album, seuls quelques ajustements ont été apportés pour coller avec les recettes usuelles du cinéma d’animation (la famille romaine est différente de celle de l’album, et rajoute une touche d’émotions supplémentaires par rapport à la BD). Les thèmes de la lutte pour l’égalité des droits et la satyre sociale sont toujours là, tout comme celle de l’urbanisation massive. Paru en 1971, ce 17e album d’Astérix faisait à l’époque référence à la politique de construction des grands ensembles, cités nouvelles et centres commerciaux durant les années 60. En 2014, après l’échec de ce modèle urbain, le regard critique des auteurs n’a pas pris une ride. Et on retrouve aussi avec plaisir la scène culte de la transformation du village en immense marché représentant la naissance de la société de consommation.

Finalement, "Astérix et le Domaine des Dieux" est une telle réussite qu’on espère déjà que d’autres albums suivront avec, bien entendu, la même équipe aux commandes !

Loreleï Colin-MoreauEnvoyer un message au rédacteur

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