Festival Que du feu 2024 encart

LA VILLA

Un film de Robert Guédiguian

Un film choral à la fois amer et lumineux

Hors saison, dans une calanque proche de Marseille, sur la grande terrasse d’une villa, un homme âgé est victime d’une crise cardiaque. Ses deux fils, Armand, resté ici pour s’occuper d’un restaurant, Joseph, dont la jeune fiancée est en train de la quitter, et sa fille Angèle, devenue une actrice connue, se réunissent pour prendre soin de lui et décider de l’avenir des lieux…

Robert Guédiguian réembauche la plupart de ses acteurs fétiches et fait cette fois-ci du trio Darroussin / Ascaride / Meylan une fratrie qui s'est inexorablement éloignée. Éloignée de ce père devenu un légume, mais surtout éloignée d'un lieu, ce petit hameau isolé dans une calanque proche de Marseille dans lequel il avait construit sa maison, aidé par l'un des voisins. Chacun des personnage porte en lui un bout de passé de cet endroit, avec ses souvenirs voire ses fantômes, tel un jeune amoureux laissé derrière ou des recettes maternelles qui remontent le moral…

Au travers de cet ensemble de personnages hauts en couleurs, c’est à la fois la notion de temps qui passe, de famille plus ou moins soudée, mais surtout de rapport intime au lègue et à des valeurs qui semblent aujourd’hui mises à mal (l’entraide, la solidarité, le partage, le patrimoine…) que le scénario met en avant. Changement lié à la distance et vieillissement inexorable (Daroussin, conscient qu’il ne peut plus courir après sa jeune compagne, doit renoncer sans même se battre) sont donc au cœur d’un récit qui fait la part belle à l’impuissance. Racontant aussi l'influence de l'argent sur la vie du hameau, le rôle des emprunts, les licenciements, l'auteur fait toujours de questions politiques son sujet de fond.

Mais dans "La villa", l'approche de Guédiguian semble plus sage, plus adaptée à la société d'aujourd'hui où beaucoups, comme le dit l'un des personnages, ont "La tête à droite et le cœur à gauche". Avec une certaine amertume, mais non sans un réjouissant cynisme, il décrit aussi la lassitude et le besoin de plaire encore, tout en incluant ici la jeune génération, désireuse malgré tout d'amour et de liberté. Le personnage, lucide, interprété par la toujours épatante Anaïs Demoustier, est incontestablement un signe d’évolution dans l’œuvre même d’un cinéaste toujours aussi engagé, qui fait ici une place un rien maladroite mais généreuse, à la problématique des migrants.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire