MY SWEET PEPPER LAND
Séduisant sur le papier mais sans grande ambition
Dans une ambiance assez vintage à la Sergio Leone, ce western proche-oriental propose une critique de la société kurde post-Sadam Hussein, patriarcale et corrompue. La contestation s’incarne à travers deux héros symétriques : d’une part un justicier aux méthodes musclées, sorte de Harry Callahan à moustache, d’autre part une rebelle aussi belle que courageuse, seule âme un peu érudite dans un monde de brutes peu finaudes.
On se demande très vite ce que Golshifteh Farahani, sublime actrice révélée en France par "À propos d’Elly" d’Asghar Farhadi, puis "Poulet aux prunes" de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, vient faire là. Car outre son message politique tout à fait honorable, le neuvième film du réalisateur de "Si tu meurs, je te tue" (si si) manque cruellement d’ambition tant formelle que narrative.
Visuellement cheap, assez grossier techniquement et, surtout, pauvre scénaristiquement (on n’avait pas vu d’happy end aussi lourdingue depuis longtemps), "My Sweet Pepper Land" ne présente pas d’intérêt particulier, exploitant finalement assez mal ses différents propos. Le film flirte néanmoins de façon assez déconcertante entre drame et comédie, alternant scènes de dérision et séquences plus sombres (notamment un bain de sang final), ce qui présente l’avantage (ou l’inconvénient) de nous déstabiliser par moments.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur