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SUMMERTIME

Un film de Matthew Gordon

Séduisant récit d'une parenthèse enchantée

La fin de l’école approche pour Robbie Hendrick, jeune garçon de 14 ans. Mais sa mère a de nouveau quitté le nid familial et il va devoir s’occuper seul de sa grand-mère et de son plus jeune demi-frère, Fess. Un jour, son grand frère est de retour et Robbie est heureux de voir sa famille se reformer un peu… Malheureusement, le grand frère est revenu avec ses casseroles au pied…

Il y a certains étés qui changent à tout jamais votre vie. Certes ce constat n'est pas bien nouveau et de nombreux films se sont attelés à rendre ces parenthèses enchantées en images et en sensations, contant des histoires de passage à l'âge adulte ou de révolution intérieure. "Summertime" en est un exemple très réussi. Présenté en 2016 hors compétition au Festival de Venise, le film était alors passé un peu inaperçu. Épousant parfaitement une certaine naïveté de personnages englués dans leurs certitudes de jeunesse (Marco déteste Maria qui s'habille trop sagement et prie tous les jours, Maria pense que tous les homos sont des pervers pathétiques...), le scénario navigue nonchalamment entre valse des désirs et euphorie d'une liberté soudainement acquise.

Porté par quatre jeunes interprètes parfaitement en phase avec les aspirations et les doutes de la jeunesse, le film oscille entre joie de la découverte (des lieux comme des êtres) et tristesse des premières déceptions. Le metteur en scène ("Encore un baiser", "Sept vies") parvient à capter non seulement l'espoir de jours meilleurs et l'optimisme chevronné des jeunes adultes, mais aussi la prise de conscience d'un monde imparfait et peu tolérant, tout comme la nécessité d'un défoulement qui ne dure qu'un temps. Celui de se former une personnalité, dans l'affrontement comme la compréhension, celui de choisir sa propre voie, face et indépendamment de celle des autres.

Usant d'envolées musicales à bon escient, d'un savant montage pour évoquer de douloureux souvenirs, "Summertime" rappelle avec tact le prix que peut parfois coûter sa propre liberté. Un film sensoriel et sensuel, traduisant à merveille de multiples élans et hésitations. Le petit bijou de cette fin d'été.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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