LA COLÈRE D'UN HOMME PATIENT
Un premier film parfaitement maîtrisé
En gardant savamment le mystère sur les motivations de son personnage principal (Antonio de la Torre, inquiétant monolithe, se montrant peu à peu obsédé par son objectif) pendant une bonne partie du film, Raúl Arévalo réussit à créer une ambiance inquiétante et à concocter un thriller captivant, en forme de puzzle. Il ouvre son film sur une scène choc, un accident à la sortie d'un hold-up, laissant planer le doute d'un lien entre cet événement et les agissements de cet homme solitaire dont l'aspect impassible crée un malaise grandissant.
Si le titre du film révèle un peu des intentions du personnage, ce premier long métrage découvert dans la section Orrizonti du Festival de Venise et lauréat surprise du Goya du meilleur film 2016 (il a coiffé au poteau l'excellent favori "Quelques minutes après minuit", reparti avec tout de même huit statuettes), empruntant aux codes du western, réussit à surprendre par l'habile construction de son scénario et par ses éclairs de violence (ah, ce qu'on peut faire avec un tournevis !).
Pour son premier essai derrière la caméra, l'acteur Raúl Arévalo (connu notamment pour "La isla mínima" ou "Les Amants passagers") parvient à créer un ambiance malsaine et poussiéreuse. Disposant d'un casting alliant gueules et caractères trempés, il offre au passage à Antonio de la Torre ("Balada triste", "Invasor") l'un de ses rôles les plus impressionnants. Des débuts à suivre, indéniablement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur