24 JOURS
Un film qui prend aux tripes
20 janvier 2006, Ilan Halimi est enlevé par ceux qui seront appelés par la suite le « gang des barbares ». S’ensuit alors 24 jours de calvaire pour le jeune homme choisi pour sa confession juive. Ruth et Didier Halimi, les parents du captif, doivent alors gérer les négociations avec les criminels sous les conseils de la PJ…
Difficile. Voilà un mot qui décrit bien ce film. Tout d'abord pour son sujet. En effet, comme indiqué dans le titre, la dernière production en date d'Alexandre Arcady revient sur un fait divers qui avait choqué la France entière il y a de ça seulement 8 ans. Cette histoire, celle d'Ilan Halimi, est donc encore relativement « fraiche » dans les esprits de tous. Heureusement pour le récit et pour l'Histoire, le réalisateur a su rester dans la sobriété. N'insistant jamais lourdement sur les émotions des protagonistes, le cinéaste a voulu coller au plus près de la vérité. Pour cela, il a choisi de s'inspirer du livre 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi écrit en 2009 par la mère, Ruth Halimi, avec l'aide d'Émilie Frèche. Grâce à cette collaboration il a pu se rapprocher de ce que tous les journaux ne pouvaient pas savoir à l'époque, des évènements internes à la famille d'Ilan. Dans cette recherche de retranscription de vérité, il est aidé par Pascal Elbé, qui interprète un père très crédible et surtout par Zabou Breitman, bouleversante dans le rôle de la mère. Cette dernière, par sa sincérité, vient nous faire oublier la fiction pour nous faire entrer dans ces 24 jours de calvaire vécus par cette famille. On vit et on stresse avec eux, le tout rythmé par les coups de téléphones des ravisseurs, de plus en plus violents dans leurs interventions, surtout Tony Harrisson qui campe le rôle de Youssouf Fofana avec brio, nous poussant ainsi à le mépriser de plus en plus.
Difficile, cela décrit bien aussi l'état dans lequel le film nous laisse à la fin, surtout à cause de Zabou Breitman qui nous regarde droit dans les yeux, se confondant alors plus que jamais avec Ruth Amili, pour que l'on n’oublie pas cette histoire. Difficile alors de ne pas avoir un sentiment bizarre qui reste en nous pendant un bon moment après la projection. On a l'habitude de voir des fictions qui peuvent se montrer dures, mais là c'est bel et bien la vérité crue et barbare à laquelle on vient d'assister. Difficile de se dire que cela a vraiment pu se passer. Après, bien que le film (et principalement l'actrice principale) arrive à nous toucher tout n'est pas parfait. En voulant rester dans la sobriété, Alexandre Arcady est un peu trop discret dans sa réalisation. Et bien que les acteurs soient tous crédibles, on peut reprocher un léger surjeu chez Alka Balbir dans les moments de tensions, mais rien de bien grave, rien en tout cas qui saurait nous sortir de la tension ambiante et du questionnement perpétuel dans lequel on se trouve. Car, même si la grande majorité des gens connaissent la fin de cette triste affaire, on se prend à espérer jusqu'au bout une conclusion heureuse à cette histoire terrible. Malheureusement, la vérité est parfois cruelle...
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur