NEVER ENDING MAN : HAYAO MIYAZAKI
En 2013, suite à la sortie de son dernier long métrage « Le Vent Se Lève », Hayao Miyasaki annonce qu’il va prendre sa retraite. Le studio Ghibli ferme ses portes. Mais Miyazaki a annoncé qu’il prenait sa retraite pour les longs-métrages, ce qui laisse encore les courts à sa portée…
Ce documentaire aurait sans doute mérité la note maximale si son traitement avait été mieux soigné. Le chapitrage est un peu étrange, et parfois même les intertitres sautent et se remettent, comme si ce n’étaient pas les bons. Le montage sonore semble aussi être un petit peu approximatif, mais il peut être compris comme une sorte d’illustration de la pensée débordante du vieux maître.
Pourtant Miyazaki est vraiment ici saisi dans son intimité. La caméra n’est jamais indiscrète et il semble vraiment l’oublier. Le film propose une plongée dans l’univers de l’animateur de 2013 à 2018, dans les studios Ghibli. Ces derniers sont vides au début du film, mais progressivement, Miyazaki les repeuple d’une nouvelle génération de jeunes créateurs, sur images de synthèse, pour son nouveau projet, "Boro, la chenille".
Toshio Suzuki, la seule personne qui interagisse avec la caméra hors de Miyazaki, explique que le vieux créateur est comme un vampire, il aspire le talent des jeunes créateurs, leur énergie vitale. Il va mieux en travaillant avec des jeunes équipes, il les épuise. C’est l’histoire justement du film qui se déroule devant nos yeux. Et la conclusion n’est guère surprenante, et s’avère même en parfaite adéquation avec la peinture de l’homme qui est faite.
Ce film est un portrait très intimiste de l’homme au travail. Il est à sa table, dessinant à la main des story-boards qu’il donne ensuite aux animateurs 3D. Il est montré seul chez lui, buvant du café et fumant d’un air très méditatif, inquiet quant à ses capacités et à sa mort, quand les autres partent avant lui. Il parle sans cesse de la diminution de ses capacités physiques et mentales, mais son trait de crayon est sûr, il travaille très vite, se présente tous les jours au studio, fait preuve d’une grande vivacité d’esprit et bouge sans douleur apparente. Loin du vieil homme gâteux, Miyazaki découvre et s’émerveille, reste ouvert aux nouvelles technologies et peut encore avoir sa représentation du monde chamboulée par un livre qu’il a lu.
Ce film est un document unique, très précieux, tant pour les fans de l’univers du studio mythique, que pour les futurs animateurs. l'histoire d'un acharné, très méticuleux, voulant donner, encore et toujours, du jamais vu et le meilleur à ses spectateurs.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur