OTAGES A ENTEBBE
Ménageons la chèvre et le chou
Après qu'en 1947, l'ONU ait reconnu l’État d’Israël, des "combattants de la liberté" vinrent rejoindre les rangs de l'OLP pour combattre les Hébreux. Les Israéliens les considérèrent comme des terroristes. C'est par cette considération que s'ouvre "Otages à Entebbe", reconstitution historique alternant point de vue des terroristes et scènes impliquant les autorités israéliennes. Chapitré par jour, le film dispose d'un "gros son"et d'une mise sous tension comme sait les créer le réalisateur brésilien Jose Padilha (ours d'or en 2008 pour "Troupes d'élite").
Malheureusement, c'est du côté du scénario que le bat blesse. Sans subtilité, non seulement on nous assène à plusieurs reprises de grands discours sur le fait que les israéliens doivent savoir « parler » avec les autres nations ou peuples, sinon le pays sera "toujours en guerre", mais on nous abreuve de considérations selon lesquelles par exemple « un ingénieur vaut bien 50 révolutionnaires » ou d’auto-analyse des personnages eux-mêmes (Brühl se désigne lui-même de ceux qui veulent "lancer des bombes dans les consciences"). La rhétorique n’est pas légère et la manière d’amener les motivations de chacun, non plus.
Se sentant obligé de faire disserter à plusieurs reprises les deux allemands impliqués dans la prise d’otages (Daniel Brühl, impeccable, et Rosamund Pike, au regard éberlué en permanence) sur le fait qu'ils ne sont "pas des nazis", le scénario dispose également ça et là un humour assez mal venu. La scène où l'eau semble coupée dans le terminal d’aéroport constitue en cela un sommet, avec des dialogues terrifiants, un personnage affirmant que "la dignité vient quand on est libre", ce à quoi le second rétorque que "les toilettes vous rendent libre". Ouille ! En bref, à partir d’un scénario trop écrit, qui veut ménager toutes les parties prenantes, fait de Amin Dada un simple clown, et nous impose un parallèle entre l'attaque préparée par les soldats israéliens et un ballet de danse moderne, aussi inutile que pesant, "Otages à Entebbe" finit par devenir aussi catastrophique qu’irritant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur