OR NOIR
Du charme désuet au ridicule
Jean-Jacques Annaud a déjà de belles réalisations à son actif (« L’Ours », « Le Nom de la Rose », « La Guerre du Feu ») alors pour « Or Noir », il devait s’attendre à ce que l’on soit exigeants. Pour ce film, il s’est imprégné d’un nouvel univers : le Moyen Orient du début du XXème siècle et d’un sujet plus qu’actuel : la découverte du pétrole et les enjeux qui en découlent.
Seulement voilà, cette fresque politico-économico-historique n’a pas l’effet escompté. Le scénario - très important dans un film d’aventure- est relativement plat et prévisible. Le film s’ouvre sur l’accord passé entre deux émirs au sujet d’une terre qu’ils ont en commun : le « corridor jaune ». Les deux fils de l’un passent alors sous l’autorité de l’autre –leur nouveau père – en guise de traité humain. Dès le début, on s’attend donc à trouver du pétrole dans ce fameux corridor, à ce que le pacte vole en éclat, que les fils se rebellent, qu’il y ait une guerre, quelques morts et une jolie fin. Et à quelques détails près, on aura vu juste.
Si l’on passe sur le jeu banal des acteurs, ou le rôle inexistant de la princesse pot-de-fleurs qu’interprète la jolie Freida Pinto, et que l’on ne s’attarde pas trop sur les lenteurs et clichés scénaristiques du film, (comme la résurrection du personnage de Tahar Rahim), il ne reste cependant pas grand-chose. Sauf quelques autres détails affligeants, comme la propreté des décors par exemple. À voir les costumes du début, les carlingues brillantes des avions, et le palais flamboyant du royaume de Nessib, cela sent le mobilier Pier Import à plein poumons. Trop neuf, trop beau, trop faux ! La musique quant à elle, bien que locale, a un air de « Astérix et Obélix : Mission Cléopatre ». Quelques notes et ce n’est plus Tahar Rahim sur son cheval que l’on aperçoit mais Jamel Debouze et son âne. Bref toute cette histoire ressemble à une jolie mascarade. Il y a tout de même de beaux paysages, mais pour ça, on ne sait pas vraiment qui il faut remercier : le réalisateur ou le concepteur universel ? Car après tout, pour les dunes et le sable à perte de vue, Jean-Jacques Annaud n’y est pour rien. Ce que l’on attendait, c’est à dire un peu d’action et un peu d’aventure, arrive tout de même à 20 minutes de la fin : une ultime bataille pour nourrir nos esprits assoiffés de sensations.
En résumé, quelques jolies séquences mais un traitement décevant, font qu'au lieu d’assister à une réelle épopée, c’est sur des images d’Ushuaia nature, accompagnées par une musique orientale, que l’on s’ennuie à suivre une histoire trop prévisible. Pour trouver de l’or, il aurait sans doute fallu creuser un peu plus.
Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur