QUAND J'ETAIS CHANTEUR
Une fois le train du succès passé
Pour son troisième film, Xavier Giannoli ("Les corps impatients", "Une aventure") a choisi de rester à distance de ses personnages pour mieux en saisir l'essence. A aucun moment il ne les magnifie par sa mise en scène, qui même dans les passages de music hall, ne reste qu'une pâle et discrète illustration du moment et donc du tour de chant. Il nous livre ainsi un double portrait assez simpliste.
Certes les thématiques abordées sont intéressantes, mais elles ont déjà été rabâchées, avec souvent plus de ferveur, comme dans "Les grands ducs" de Patrice Leconte, ou l'excellent "Tandem", du même auteur. Ainsi sous sa caméra, les affres du succès raté, le ringard du quotidien et la séduction par l'apparat n'atteignent à aucun moment la dimension qu'on aurait pu espérer, laissant souffrance intime et émotion sur le côté.
Et ceci malgré l'excellence de l'interprétation. On découvre ainsi une autre facette de Cécile de France, plus âpre qu'à l'habitude. A tous moments l'on sent qu'elle cache une blessure, à propos de laquelle Giannoli ne joue pas vraiment le suspense. Face à elle, Depardieu trouve l'un de ses meilleurs rôles. Désenchanté et lucide, son personnage de chanteur au rabais lui donne l'occasion d'interpréter lui même les chansons. Au final on se demande ce que ce film faisait en compétition à Cannes, hormis pour ses têtes d'affiche.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur