Festival Que du feu 2024 encart

THE COLOR WHEEL

Un film de Alex Ross Perry

Inconfortable

JR,dans l’attente de voir sa carrière d’actrice démarrer, vient de quitter son professeur avec qui elle avait une liaison. Elle demande alors à son jeune frère de l'accompagner pour récupérer ses affaires chez lui. Les deux partent alors sur les routes de New York...

« The Color Wheel » est la deuxième réalisation d'Alex Ross Perry, également co-auteur, producteur, monteur, et acteur principal du film, et qui, malgré des difficultés à monter et faire voir son film, a été nominé pour trois prix à Locarno cette année. C'est un film carrément étrange, auquel la pellicule 16 mm sied fort bien. Le grain grossier nous rappelle de vieux films américains, et le road trip devient alors atemporel. C’est d’ailleurs bien là la raison pour laquelle Perry a préféré la pellicule au numérique (malgré le coût, disproportionné pour un film indépendant au budget microscopique).

« The Color Wheel » annonce la couleur sur sa mystique et belle affiche : c’est un film sur la déception et le pardon. L’histoire d’un frère, Colin (joué par Perry) et d’une sœur, JR (jouée par Carlen Altman, aussi co-auteur) durant un court road trip sur les routes de l’État de New York, alors qu’ils ne se supportent pas. Au fil des rencontres, anciens amis, amants, camarades d’école, leur relation va changer, et ils reviendront définitivement différents… mais pas comme on s’y attendrait.

Tous les deux dans leur trentaine, un peu loosers, chacun pense mieux réussir que l’autre et être différent de tout le monde, mais aucun n’a vraiment accompli quoi que ce soit. Colin n'a pas vraiment réussi sa relation avec sa petite-amie, et JR prétend pouvoir devenir une présentatrice de JT, mais ne va pas plus loin dans le monde de la communication que jusqu'au lit de son professeur. Ils ne se supportent pas, et ne supportent personne.

« The Color Wheel » est un film qui peut déranger et Perry n’a pas peur de prévenir son public. C’est vrai que ni lui ni Carlen Altman n’ont la langue dans leur poche. Le film nous offre un flot non stop de mots, de règlements de compte, de vérités pas faciles à entendre, et de scènes plutôt borderline. Pourtant, malgré l’inconfort que peut créer la fin du film (presque dix minutes filmées en une seule prise), Perry, de part la simplicité de sa mise en scène, la photographie soignée et surtout la justesse des deux acteurs, finit par nous émouvoir. À sa façon.

Stéphanie PalisseEnvoyer un message au rédacteur

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