BEIRA-MAR
Les limites de l'amitié
D’aucuns trouveront le scénario de "Beira-mar" un peu banal, il est pourtant suffisamment humain dans son écriture pour donner chair à deux adolescents en pleine quête identitaire. Traduisant avec acuité les errances de cette jeunesse qui se construit des repères, Filipe Matzembacher et Marcio Reolon situent avec intelligence leur intrigue dans une station balnéaire, en plein hiver. Cité quasi désertique, comme endormie, ce décor entre ainsi en résonance avec les états d'âme des deux protagonistes, dont l'amitié arrive à ses limites.
Suggérant assez finement l'amitié amoureuse des deux garçons – la saynète du jeu vidéo est filmée comme une scène de masturbation en groupe –, "Beira-Mar" revêt un aspect réaliste qui met à nu les jeux adolescents. Égoïsme, apprentissage du respect, jeux sexués, rapports de domination et de désir, le parcours apparaît certes comme un peu balisé. Mais la complicité qui change de nature, la nécessité d'explorer les possibles et, surtout, le message sur un indispensable courage font oublier un mystérieux imbroglio familial, qui aurait mérité d'être plus développé.
Avec une tension qui prend bel et bien, de jeunes interprètes qui ne déméritent pas, un principe de mise en scène (utilisant par moments le flou pour mieux signifier la désorientation des personnages ou leur avenir incertain), ce film brésilien – sur le passage à l'âge adulte – a de quoi séduire. D'autant qu'il installe une ambiance hors du temps, laissant ainsi les enjeux personnels de ces adolescents s'exprimer peu à peu.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur