KNOCK KNOCK
Un thriller prévisible qui se rattrape par sa fin
C’est le jour de la fête des pères et Evan, architecte, file le parfait amour avec Karen. Il se fait réveiller par ses deux enfants qui lui apportent un gâteau en ce jour de célébration qu’ils ont d’ailleurs prévus de fêter le temps d’un week-end à la mer. Malheureusement, Evan a un projet à terminer et, le week-end venu, ne peut finalement plus les accompagner. Il reste donc seul dans leur grande maison quand deux charmantes jeunes femmes visiblement perdues lui demandent de l’aide…
Après "Hostel", "The Green Inferno" et quelques segments sur les films de Tarantino, Eli Roth revient dans son genre de prédilection avec "Knock Knock", un thriller psychologique mettant en scène Keanu Reeves en bon père de famille, et présenté au Festival du film américain de Deauville 2015. Un tour de la grande demeure familiale nous présente cette famille parfaite et aisée puisque des photos immenses de chacun de ses membres parsèment les murs la maison. Lui est architecte, elle est une artiste originaire de Barcelone et fait des sculptures qu’elle s’apprête à exposer dans une galerie d’art branchée de Los Angeles. En ce week-end de fête des pères, Evan, le papa, se retrouve seul puisque sa femme et ses enfants s’en vont à la mer quelques jours. En plein travail, il est rapidement interrompu, en pleine nuit par deux jeunes demoiselles esseulées et perdues dans son quartier résidentiel vidé de ses voisins.
Il y a de quoi prendre peur avec cette mise en place un peu expéditive et affublée d’un Keanu Reeves peu crédible en père de famille. Sa relation avec Karen sonne faux et son jeu de monstre avec ses enfants n’est pas très convaincant. C’est peut-être ce que le réalisateur veut appuyer. La surface a l’air idyllique, mais on constate très vite qu’Evan étouffe ou est un peu frustré par la vie monotone familiale. Toujours est-il que le film débute comme un porno assez risible avec cet homme sexy, sans réellement être séducteur, qui se retrouve seul chez lui le temps d’un week-end et qui se fait alpaguer par deux jeunes femmes entreprenantes. Forcément, le jeu de séduction des deux fausses ingénues sent le traquenard à plein nez, sauf, visiblement pour notre héros qui, malgré ses bonnes intentions et sa droiture de bon américain finit par succomber aux charmes de ces irrésistibles créatures.
C’est très prévisible malheureusement et l’on se doute dès le départ que l’arrivée de ces deux beautés qui ne font que des allusions au sexe ne sont pas là par hasard. De surcroît, les quelques rebondissements sont attendus. Le film joue sur la sexualité éveillée des filles dans une société où l’on est plus capable d’estimer correctement l’âge d’une adolescente tant elles usent des codes de séduction matures et sont ouvertes sur la question. Seulement le faux-pas guette Evan, et c’est celui qui lui coûtera très cher. Heureusement, c’est avec son final qu’Eli Roth surprend et revire là où on ne l’attend pas, avec une bonne surprise pleine de malice, qui évite au film de tomber dans les poncifs du genre, relèvant le niveau du tout.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur