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FREE STATE OF JONES

Un film de Gary Ross

Une fresque historique trop enfermée dans son académisme pour passionner

Newton Knight a beau être un fermier du Mississipi et combattre pour les états confédérés, il ne soutient pas cette guerre civile. Sa rébellion va même aller jusqu’à déserter le conflit et rassembler des personnes pensant comme lui, pour monter leur propre unité, un groupe où tous les hommes seraient égaux, peu importe leur couleur de peau…

De "Hunger Games" à la guerre de sécession, il n’y a qu’un pas que vient de franchir le réalisateur Gary Ross. Après avoir capturé les combats d’adolescents dans un jeu morbide, le cinéaste a décidé de s’intéresser à ce fameux passage de l’Histoire américaine où les états confédérés du Sud ont pris les armes pour maintenir leur « droit à l’esclavagisme ». Mais tous les Sudistes ne partageaient pas ces idées abjectes. Juste parmi les justes, Newton Knight faisait partie de ceux-là. Dégoûté par une guerre ayant pour seul but d’enrichir encore plus les grands exploitants, l’homme va déserter avant de constituer une troupe où tous les hommes seront égaux, peu importe la couleur de leur peau.

Forcément, un tel humanisme méritait bien un hommage cinématographique pour retracer le parcours de ce modeste fermier ayant proclamé le « free state of jones », endroit où la discrimination n’aurait pas sa place. Et qui dit homme du Sud charismatique, dit désormais Matthew McConaughey. Aucune surprise à ce que l’ancien playboy devenu acteur respecté incarne ce personnage historique. Et comme à son habitude, le comédien donne de sa personne, et de son accent, pour nous offrir une nouvelle prestation de haut rang, toute en rage et subtilité. Si la caméra de Gary Ross épouse parfaitement le corps hirsute du beau Matthew, le film, trop académique, ne se hisse jamais à la hauteur de son sujet.

Plus cours d’histoire didactique que drame passionnant, le métrage hésite sur le ton et le rythme à adopter. En résulte une fresque passionnante dans ses premiers instants, dont la puissance ne cesse de s’épuiser au fur et à mesure de séquences sans envergure. Vouloir traiter de la guerre de sécession comme de l’après était un choix particulièrement intéressant, mais cette deuxième partie souffre d’un manque d’enjeux et de rythme considérables. Comme si après nous avoir offert des moments épiques sur le champ de bataille, le reste de ce drame laborieux ne devrait être qu’une vulgaire leçon historique. Dommage, car si la reconstitution est parfaite, la retranscription de la trajectoire de ce héros méconnu aurait gagnée à être plus nerveuse et ambitieuse.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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