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LA MÉLODIE

Un film de Rachid Hami

CONTRE : Niveau -1 - Une production française dégoulinante de bons sentiments

Un violoniste émérite se voit catapulté dans une classe turbulente de cinquième de banlieue parisienne. Assistant à la cacophonie qu’il règne en classe et n’étant pas rompu aux méthodes d’enseignement, il commence à regretter ce contrat. Un élève se démarque cependant et montre son envie de jouer même s’il ne fait pas parti du programme. Le violoniste aura la bonne idée de l’intégrer…

Présenté Hors compétition au dernier Festival de Venise, "La Mélodie" est un film aux bonnes intentions tellement évidentes qu’elles se transforment progressivement en un flot dégoulinant de bons sentiments mâtinés d’incohérences que l’on ne cherche plus à dissimuler. Dans le fond profondément représentatif du manque d'audace qui plombe les cinémas français et américain actuels, cette production lorgne du côté de la Palme d’or "Entre les murs", sans en avoir ni le casting ni la qualité d'écriture ; et de nombreux autres films d'accomplissement, caressant les spectateurs dans le sens du poil. Censé être un feel good movie, le film contentera peut-être les spectateurs les moins exigeants, avec cette histoire cousue de fil blanc qui ne s’embarrasse pas des détails pouvant entraver son développement.

Faisant une nouvelle fois des professeurs, des élèves et des parents, des héros du quotidien, portant un message devenu facile sur la sortie d’un milieu et le dépassement des barrières sociales, le scénario ne cesse d'emprunter chaque raccourci (souvent incongru) possible pour résoudre le moindre problème ou conflit. Le professeur de violon de cette classe difficile doute et s'en prend un peu violemment à un élève ? Pas de problème, il va sonner direct, sans transition aucune, chez les parents pour présenter ses excuses. Les enfants sont lamentables à la première répétition commune avec une autre école ? Pas de souci, ils vont aller directement jouer au conservatoire devant un public, sans qu'aucune autre répétition n'ait lieu ! Cela aurait pu être une ellipse, mais non, le scénario assume son incohérence jusque dans les dialogues, ne s'embarrassant d'aucune invraisemblance.

Côté interprétation, Kad Merad, s’il a le mérite d’avoir appris le violon, revêt un rôle apathique au possible, et compose un personnage « symbole » qui agace très rapidement. Heureusement Samir Guesmi sonne juste de bout en bout, et les jeunes acteurs en herbe ne déméritent pas, montrant un véritable enthousiasme. Reste que "La Mélodie", premier film de Rachid Hami, résonne comme une œuvre trop pédagogique, cumulant trop de clichés sur une culture inaccessible et élitiste, et élude les vraies difficultés devenant bien vite indigeste. Loin d’un "Billy Elliott" ou du "Marvin" qui sortira dans quelques semaines, le film paraît décidément d’un autre temps.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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