CECI EST MON CORPS
Crise de foi
Gabin, prêtre, monte depuis sa paroisse ardéchoise sur Paris pour tenter sa chance auprès d’une actrice, Marlène, professeur de théâtre, qu’il a croisé il y a quelques temps. Il découvre alors que celle-ci a un amant marié, et cohabite avec une jeune femme qui est aussi sa maîtresse, et un homosexuel adapte du transformisme…
Drôle de film que « Ceci est mon corp », ou le parcours improbable d'un prêtre amoureux, qui découvre les affres de l'amour pluriel et les joies d'une sexualité, elle aussi potentiellement multiple. S'incrustant progressivement dans le paysage de Marlène, il va attirer d'abord la curiosité puis la sympathie de ceux qui l'entourent, tout en tentant de garder le secret de son « métier ». C'est sur ce décalage, que Jérôme Soubeyrand construit la première partie de son film, opposant un curé débordant soudain d'envie, à un monde bohème, prônant la séparation du désir et de l'amour, et dont on perçoit tout de même en filigrane les fêlures dans les belles théories (la jalousie, l'égoïsme...).
Si le fait de doubler le récit de fiction, de passages documentaires où l'auteur discute des épîtres de Saint Paul avec les philosophes Michel Serres et Michel Onfray, et s'essaye à la psychanalyse transgénérationnelle avec Bruno Clavier, vient un peu casser le rythme, ceux-ci ont le mérite de créer une résonance adéquate avec le récit, et de poser les questions de l'abstinence, et surtout de la transmission du traumatisme. Parfois maladroit dans certains dialogues (lorsque le curé plaisante la première fois sur la ménopause de Marlène), le film amuse par sa vision cynique des cours de théâtre, et ses allusions au cinéma (Gabin, « La cage aux folles »), tout en laissant la sensation d'une douce gentillesse. À découvrir.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur