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Des scènes d'action qui comblent à peine les déficits narratifs du scénario
Avec ce nouveau film, John Woo se lance une fois de plus dans l'anticipation, comme il l'avait fait avec réussite avec Volte-face. Mais au lieu de jouer sur les échanges d'identités et d'apparences, il se lance cette fois-ci à l'assaut d'une des parties les plus importantes de notre corps : la mémoire. Le personnage campé par Ben Affleck, horripilant à souhait, joue pour de l'argent avec ses souvenirs, sans se soucier des conséquences, uniquement pour des besoins mercantiles. Mais le jour de son réveil, où les choses ne se passent pas comme prévues, il se sent violé, perdu, angoissé.
De ne plus avoir aucun souvenir des actes passés semble être comme un vol de ce que nous avons de plus personnel. Et le personnage perd alors de sa superbe, comme prisonnier d'actes passés dont il ne se souvient même pas. Il ne peut que douter de lui et de ce qu'on lui reproche. Cette première partie du film est définitivement la plus réussie, avec un personnage qui oscille entre le rêve et l'incompréhension. Par la suite le réalisateur l'emmène accomplir de nombreux exploits physiques aussi inutiles que périmés. Sans compter sur les sempiternels ralentis des mouvements de corps lors de fusillades, qui viennent polluer les scènes les plus simples.
Le réalisateur chinois semble avoir perdu de vue ses objectifs et se fourvoie dans un film sans aucune originalité et sans apport personnel, à tel point que n'importe quel réalisateur hollywoodien aurait fait la même chose. De plus, l'acteur principal ne paraît pas suivre les évolutions de son personnage, et perd progressivement le fil, en changeant de tempérament en plein milieu du film. Quant aux scènes d'action, elles comblent à peine les déficits narratifs du scénario et ne font pas partie des réussites de John Woo.
En fin de compte, un des films les plus décevants de ce début d'année, avec un réalisateur qui paraît bien fatigué en récitant sans génie, son style et ses mimiques. Déception d'autant plus grande que le sujet aurait pu amener bien plus de surprise qu'un simple film d'action aussi mollasson. Au plaisir de revoir le grand John, d' A toute épreuve , d' Une balle dans la tête et du Killer, dans un film qui rende justice à son génie et son style.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur