LA SIRGA
Esthétique mais nébuleux
Des hautes herbes, une maison perdue au bord de la lagune colombienne, une nature aussi hostile que certains qui l’habitent, une motte d’herbe qui flotte… les images du film de William Vega sont d’une beauté intemporelle. La photographie séduit l’œil dès le début, les cadrages et les compositions restent en mémoire, travaillés et graphiques. On sent William Vega à l’aise avec sa caméra, les décors et la mise en scène. « La Sirga » est avant tout une succession de beaux plans.
Dommage donc que l’histoire traîne trop en longueur et que le récit soit aussi trouble que la mangrove où se situe l’action du film. La narration opère même une distanciation pénible avec le spectateur dans ses moments de platitude scénaristique et de pauvreté de rythme. Sans oublier la psychologie des personnages qui n’évolue pas d’un pouce durant tout le film.
Pourtant, on est séduit par l’histoire de cette jeune femme, objet de désir pour tous les hommes qui gravitent autour d’elle. Les connotations, symboles et autres allusions sexuelles (hautes herbes, longues barques, bâtons de bougies éteints dans la lagune) sont nombreux mais tout cela reste malheureusement à l’état de fantasme.
C’est aussi le cas de l’histoire de cette maison qui attend ses touristes qui ne viendront jamais et du semblant de polar (avec trafic d’armes, meurtres et intérêts mystérieux) dont on n’aura aucune clé : William Vega s’est certainement trop investi dans la forme de son premier long métrage et en a oublié de raconter une histoire accessible à un large public…
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur