POLIGONO SUR - SÉVILLE CÔTÉ SUD
De l'autre côté du Guadalquivir, le quartier des « Tres Mil » vit au rythme du flamenco
Aux abords de Séville, les barres HLM des « Tres Mil » concentrent près de 50 000 habitants, presque tous anciens du quartier historique gitan de Triana. C’est au « Tres Mil », là où la drogue fait rage, que se trouve réunie la plus forte concentration d’artistes du flamenco, connus ou anonymes…
Plus connu pour son trafic de drogue, le quartier des « Tres Mil » nous est présenté ici sous un autre angle, celui du flamenco. Patrimoine musical des gitans, il rythme la vie et le cœur de chacun de ses habitants, de la petite fille au grand-père. Le flamenco est omniprésent dans le film, qu'il soit dans les maisons ou dans la rue, le soir au coin du feu ou sous la pluie. Avec les habitants de « Tres Mil », une table de bar devient vite un instrument de percussion.
C'est la vie quotidienne du quartier sans les sordides histoires de cocaïne, qui nous est dépeinte ici : des anciens jouant aux dominos, des batailles de coqs, des discussions enflammées au café du coin, des jeunes faisant du rap gitan dans la rue… Au « Tres Mil », on rencontre des personnages inattendus comme l'âne qui ouvre le film, ou encore l'Indien, cet homme au triste passé qui se promène dans les rues du quartier, apportant une certaine poésie fantaisiste au film lorsqu'il crie en pleine rue : « Vive la faiblesse! ».
La réalisatrice Dominique Abel, a souhaité montrer que le quartier ne baigne pas seulement dans « un contexte social dur mais aussi dans une vitalité artistique forte », et c'est réussi. Le film nous transporte dans un univers poético- musical qui donne envie de danser au rythme des guitares. Pour peu, on n'aurait l'impression de faire partie de la famille, d'être ce petit garçon à qui on apprend à chanter. Même si la réalisatrice dit, n'avoir pas voulu faire un film pour « les aficionados du flamenco mais pour tout le monde », certaines scènes peuvent apparaître un peu longues si vous n'aimez pas ce genre musical. La réalisatrice reconnaît elle-même ces longueurs, tout en affirmant que « c'est un choix délibéré car le flamenco, c'est l'insistance ». Pour ressentir toute la passion et l'enthousiasme que génère la musique gitane, il faut s'immerger dans ce monde et oublier tout le reste : seulement écouter. C'est ainsi que vous apprécierez Poligono Sur, dans sa tendre authenticité.
Alexandra TrepardouxEnvoyer un message au rédacteur