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CHOUF

Un film de Karim Dridi

Un scénario bancal pour un film qui laissait présager le meilleur

Sofiane a quitté la cité marseillaise depuis bien longtemps pour suivre des études de commerce. Mais lorsque son frère est lâchement assassiné, celui-ci retourne dans la région avec la ferme intention de venger son aîné…

Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2016, "Chouf" se veut le point final d’une trilogie autour de Marseille, initiée avec "Bye-bye" en 1995 et "Khamsa" en 2008, par Karim Dridi. L’histoire est celle de Sofiane, « rebeu » issu des quartiers Nord, parti à Lyon pour suivre des études de commerce. Modèle d’intégration, le jeune garçon à la conduite exemplaire se prédestinait à tout, sauf à revenir sur ses terres natales pour y devenir un caïd. Pourtant, après l’assassinat de son frère, le futur businessman va appliquer ses théories à la pratique de la vente de drogue et se lancer dans une véritable vendetta pour retrouver celui qui a tué son aîné.

Plongeant dans une spirale de violence et de guerre des gangs, Sofiane va prendre des coups, découvrir une réalité qu’il avait grandement fantasmée, un quotidien où les petites frappes entretiennent des familles préférant fermer les yeux plutôt que d’essayer de les remettre dans le droit chemin. Mais grâce à son esprit, le garçon va vite prendre de plus en plus d’importance dans l’organisation mafieuse, moyen pour le réalisateur de décortiquer les faits et gestes de ces barons marseillais de la drogue. Avec une approche quasi-documentaire, un casting composé grandement de non professionnels, le cinéaste cherche clairement à s’inscrire dans un réalisme accru, une description fidèle pour éviter les clichés.

Malheureusement, si la tension est palpable et les agissements de ces jeunes assez bien retranscrits, le film n’évite pas certains abus et maladresses. En voulant s’inspirer des thrillers américains où les balles fusent, le métrage sombre peu à peu dans un vulgaire mimétisme et une surenchère aberrante. Souffrant d’une mise en scène relativement pauvre et ampoulée (surtout avec ces flash-back pas forcément utiles), ce drame se voit enfermé dans une enveloppe bancale où l’authenticité de certaines scènes dénote avec l’artificialité stéréotypée de beaucoup d’autres. Trop prévisible, "Chouf" finit même par tourner en rond, nous faisant oublier les premiers instants prometteurs et le talent brut des comédiens qui parcourent l’ensemble…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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