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LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES

Tout juste hilarant

Le rideau rouge d'un théâtre va sa lever. Différents animaux interprètent pour nous trois contes, l'un impliquant une cigogne, l'autre un loup jouant les professeurs, et le troisième le père Noël...

Voici donc l'une des grandes réussites de l'animation française présentée au Festival d'Annecy 2017. Après avoir adapté pour le grand écran, avec une certaine tendresse, les albums d' "Ernest et Célestine", Benjamin Renner s'allie à Patrick Imbert pour adapter sa propre bande dessinée "Le Grand Méchant Renard". Mais ce conte ne constitue en fait ici que la partie centrale du film. Il est précédé de l'excellent "Un bébé à livrer" (adapté de la première bande dessinée de Brenner) et suivi de "Il faut sauver Noël" (aussi édité en BD à la fin d’une réédition du "Grand Méchant Renard"), certainement le segment le plus faible des trois, même si très amusant tout de même. Le tout est lié par de petits passages dans le théâtre, où cette troupe d'amateurs donne déjà l'ampleur de sa maladresse.

"Un bébé à livrer" propose de suivre un canard et un lapin bien décidés à remplacer une cigogne pour livrer un bébé, et surveillés de près par un cochon, plus qu'inquiet. C'est dans les solutions hallucinantes trouvées par ces deux incapables et les situations de danger dans lesquelles ils plongent que réside l'humour désopilant de cette séquence (l'usage de la catapulte n'étant qu'un exemple). Brenner use à merveille d'un humour parfois moqueur (le pigeon du sud...) parfois absurde (le singe qui parle chinois...) et réussit un premier segment rythmé et empli de bonnes idées.

En guise de seconde partie, "Le Grand Méchant Renard" fait forcément mouche, avec un renard méprisé par les poules et qui en vient à se faire coacher par le loup pour rentrer dans la ferme. Cet étrange récit, détournant délicieusement le rôle de chacun, a donné tout son sens à la patte Brenner, avec des décors statiques peints, sur lesquels évoluent des personnages alliant traits de crayons, peinture ou aquarelle. Le recueil, assez cohérent, se conclue avec "Il faut sauver Noël", où la bande du premier segment tente de remplacer le père Noël dans sa livraison de cadeaux, après avoir été persuadés de l'avoir tué. Une conclusion certes efficace, mais un peu en dessous des deux autres car elle sacrifie tout à son rythme effréné. Reste un ensemble à la fois cynique, tendre, enfantin et mûr. Et surtout hilarant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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