L'ETE OU J’AI GRANDI
Décevant
Avec quelques images d’enfants courant dans champs de blé, suivis par une caméra volubile, aux mouvements souples et amples, Salvatorès ancre d’emblée son récit dans le nostalgique. Dépeignant au fil du film, la simplicité de la vie des enfants, et surtout de leur reconstitution, au travers d’un groupe, des codes des adultes, c’est le souvenir d’un été heureux, entre coulours chaleureuses de paysages accueillants, et jeux aussi futiles qu’innocents, qu’il tente de mettre en images, avant que tout, on le pressent, ne bascule.
Car la découverte de cet enfant séquestré, trace d’un passé italien où enlèvements et rançons étaient monnaie courante, insuffle un peu plus de gravité à l’ensemble, sans toutefois plonger le film dans la tragédie. La vision des rapports entre les deux gamins est magnifiée jusqu’à en devenir irréaliste (après plusieurs semaines dans le noir, on doute par exemple qu’il puisse ouvrir si rapidement les yeux), et si les relations avec la sœur, ignorant le « secret » de la découverte, la vision assez unilatérale des adultes frise la caricature.
Passons sur les nombreux raccords entre plans, plus qu’approximatifs, et on dira que ce film, venu de l’autre côté des Alpes, n’a ni le charme ou la nostalgie d’un Stand by me, ni l’intérêt politique d’un Biongiorno Notte. Restent alors une qualité de la photo irréprochable, un goût pour le bucolique contestable (on a droit à toute la ménagerie locale, en inserts, du crapaud à la mante regligieuse en danger face aux méchantes moissonneuses batteuses) et surtout une vision simpliste du passage à l’âge adulte, si on peut dire.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur