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LES INVISIBLES

Un film de Thierry Jousse

A trop faire l’amour dans le noir, même le sexe a disparu

Bruno et Noël oeuvrent à leur premier album de musique électronique. Bruno erre dans les rues à la recherche du moindre son, du moindre sample à mixer. Mais c’est finalement une étrange rencontre qui va changer sa vie et sa musique…

Les invisibles, c’est un peu l’antithèse du film muet. Dans ce dernier, les acteurs et le metteur en scène étaient là pour nous faire vivre une histoire, même en l’absence de dialogues. Dans ce film de Thierry Jousse, les dialogues, et surtout la musique sont là pour faire oublier aux personnages l’absence d’image. On pense ici notamment aux très belles scènes d’amour dans le noir, dont on finit par deviner la beauté et l’intensité à l’écoute des samples que le héros en retire.

On découvre un Laurent Lucas transformé, comme possédé par sa musique, et on apprécie de prime abord de le voir ici dans un rôle humain et sain. Mais rapidement le spectateur déchantera, Lucas étant encore une fois une victime. Jousse nous propose alors une belle galerie de personnages, d’artistes à la fois exhibitionnistes et d’un mystère, d’une pudeur extrême. On ne peut ainsi retenir un sourire à l’arrivée de Philippe Katerine, mais surtout une grimace de dégoût devant l’interprétation dramatique de Lio… Finalement, mieux vaut être une « merde qui [nous] emmerde », qu’une « brune pas pour des prunes ».

Mais finalement, bien au-delà de ces considérations sur un film sacrément porté sur la chose (je parle de musique bien sur), revenons à nos Invisibles… On l’aura compris, il s’agit d’un film traité de manière originale qui, ne serait ce que pour cela, fait plaisir à voir, même si l’on ne peut que regretter ses nombreuses erreurs (une scène de sexe vulgaire et purement gratuite par exemple), surtout de la part d’un réalisateur connaissant si bien le cinéma (il a été longtemps critique aux Cahiers).

Terminons cependant sur une note positive, le plaisir d’entendre et de suivre, sur la longueur, les créations de deux tordus de l’electro…

Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur

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