HOOLIGANS
Dans la peau d’un groupe de hooligans anglais
« Hooligans » est un premier film, étonnamment (ou non) réalisé par une femme, ce qui détonne dans le paysage d’un football anglais plus que machiste et, ici, particulièrement violent. Lexi Alexander nous offre ainsi un film choquant, à la fois par sa violence et son réalisme.
On entre ici dans le monde très fermé des « firms », ces clubs de supporters qui ne vivent que pour une chose : le football, ou plutôt, le hooliganisme. En effet les « firms » se moquent le plus souvent ici du résultat de leur équipe. Bien sûr, une bonne victoire est toujours sympathique, mais ce qui compte le plus, c’est l’honneur. L’honneur d’avoir fait respecter sa loi, d’avoir vaincu le groupe adverse dans la rue, à la force des poings.
Bien au-delà du portrait de ces hooligans, c’est tout une peinture sociale qui est faite, nous montrant comment ces jeunes vivent dans cet unique perspective, comment ils respectent un code de l’honneur particulier… On est effaré par le réalisme de ces combats de rue, où la réalisatrice n’hésite pas à nous montrer la mort en direct, des hommes comme d’un enfant, et tout ce qui s’ensuit.
Au-delà aussi des questions d’honneur, ce sont celles des choix de vie que fait l’individu au cours de son existence qui sont en jeu : faut-il sacrifier sa vie et sa carrière à sa passion ? Faut-il tout plaquer pour mener une vie familiale normale ? Et surtout, au final, est-il possible d’oublier un passé qui sans cesse cherche à nous rattraper ? Honneur, parole, vengeance et fierté sont ici les maîtres mots.
Les supporters de foot seront parfois surpris par le portrait qui est fait ici des hooligans : le hooliganisme étant là-bas, en Angleterre, plus un code éthique et un phénomène social qu’une simple question de soutien à une équipe. Mais force est de constater que le portrait est bien réel et bien crédible dans une Angleterre qui vie « football ».
Ce propos de la réalisatrice est servi ici par un casting adéquat : Elijah Wood est parfait dans ce rôle mi angélique mi bestial, tout comme Charlie Hunnam, qui fait vite oublier ses débuts dans « Queer as Folk » pour ici un rôle à la virilité sans faille et au phrasé « so british », qui ne se pratique que dans les « Working class ». Tout concourt à nous faire voir ce film presque comme un documentaire, une tranche de vie de ces hooligans de West Ham, bien que le GSE (leur club) ici représenté ne soit qu’une pure invention de l’auteur, et que le film ne pose aucun repère temporel particulier.
Au final, un film formidable, troublant et choquant, qui force à ouvrir les yeux sur un phénomène très médiatique, mais en réalité complètement inconnu.
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur