SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS
Un film social, engagé, dénonciateur, et interprété par la crème des crèmes
Pour son premier film, Fabienne Godet a choisi un sujet qu'elle connaît. La psychologue de formation a pris le temps de la réflexion pour peaufiner son sujet, et les détails subtils, réalistes et terriblement dénonciateurs de ce film en sont le parfait témoignage. François est le collègue de travail typique : bosseur, pas gueulard pour deux sous, qui fait ce qu'on lui demande, quitte à rater l'anniversaire de son fils. Parce que la direction le veut. Parce que le monde du travail le veut. Parce que c'est comme ça que fonctionne la vie. Le tragique événement va non seulement remettre en cause sa place dans l'entreprise mais lui ouvrir les yeux sur un monde plus cruel, plus indifférent qu'il ne voulait le voir.
Peu à peu, François se fait le nouveau porte-parole des règlements de compte de Simon, parti trop vite, lui, la « grande gueule qui ne se laissait pas faire ». Les trois rôles féminins (la femme, la journaliste, l'amie) représentent à elles seules les trois possibilités de François face au silence de sa direction : la soumission, la révolte ou l'anarchie. Fabienne Godet a opté pour une intelligence subtile, profondément réaliste, et a confié sa tâche à un Olivier Gourmet extraordinaire, celle d'incarner avec justesse et brio le rôle du souffre-douleur d'une société décidément bien cruelle. Le nounours inoffensif sort les griffes avec une fureur d'autant plus étonnante qu'elle était tue jusqu'alors. Sauf le respect que je vous dois , l'autre façon de dire « Je vous emmerde ». Nous, on dit « Bravo ».
Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur