SHAHADA
Oeuvrer à l'acceptation d'une communauté
"Shahada", qui signifie "la Foi", est un film focalisé notamment sur la communauté Turque allemande, posant à travers les destins de trois jeunes musulmans, la question de la croyance et de la pratique religieuse. Il y a Ismail, policier visiblement affecté par une autre femme que la sienne, Sami un jeune black qui travaille au marché à poissons, irrésistiblement attiré par un collègue, et surtout Maryam, fille d'Imam, qui vient d'avorter clandestinement et subit des complications qui l'angoissent.
Construit en quatre chapitres (le début du voyage, la dévotion, le sacrifice et le choix du chemin), "Shahada" questionne brillamment la possibilité de l'intervention divine dans le quotidien de chacun, ceci en mettant ses personnages face à des évènements dramatiques, ou à des coïncidences angoissantes. Il question ainsi la capacité de chacun à marier foi et destin, sans plonger dans la paranoïa et l'extrémisme, et sans déformer le sens d'écritures affirmées comme source de bienveillance.
Certains reprocheront au film une mise en scène tape à l'oeil et un excès d'effets (voir la scène de l'ascenseur, dans lequel les coupures de courant sont censées envoyer des signes à l'un des personnages). Mais "Shahada" cherche simplement à parler à une génération en perte de repères, plutôt qu'à prêcher ceux dont l'existence est déjà structurée. Voici donc un film qui prouve que modernité de mise en scène et questions de religion ne sont pas incompatibles.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur