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MY NAME IS KHAN

Un film de Karan Johar

Quand de gros sabots empêchent le Bollywood de danser

En novembre 2007, à l’aéroport de San Francisco, Rizu, d’origine indienne, est sur le point d’embarquer. Atteint du syndrôme d’Asperger, les douaniers ont vite fait de se moquer de lui, puis de le considérer comme suspect, d’autant plus qu’il a la mauvaise idée d’affirmer qu’il souhaite parler au président, pour lui dire « je ne suis pas un terroriste »…

Shah Rhuk Khan véritable déité en son pays, a fait en début d'année, un nouveau détour par le Festival de Berlin pour le lancement de son nouveau film, sorte de "Rain Man" au pays de l'Amérique post-11 septembre. Le film démarre comme un thriller, avec une scène de contrôle à l'aéroport, où notre héros se faisait rudement fouiller et interroger par la douane. Puis le récit alternera entre l'enfance du personnage, son installation et sa vie aux USA, et les mois durant lesquels il suivra les déplacements du président pour lui délivrer son message: "je ne suis pas un terroriste".

Coté enfance, on névite pas une certaine lourdeurs, partiellement propres aux films de Bollywood, avec de naïfs messages sur l'égalité musulmans-hindous. Et la mièvrerie de cette première partie, qui s'allège un peu grâce à l'amusante drague insistante auprès d'une charmante coiffeuse. Les ralentis sont légions, mettant parfaitement en valeur le physique de l'héroine convoitée, et le jeu enthousiaste des stars indiennes permet d'oublier les clichés sur le rêve américain, et les pénibles phobies du héros (la peur du jaune, la peur des nouveaux endroits...).

Subitement le film bascule, sans plus de légèreté, s'essayant au suspense social, en confrontant le couple à leur entourage raciste et en multipliant les sources d'incompréhension culturelle, devenant danger potentiel. Globalement le message est tellement appuyé et calibré pour une audience américaine, que même les fans de Bollywood n'y trouveront pas leur compte. Car si certains gags fonctionnent, les parties dansées et chantées sont quasiment absentes (le chansons figurent en "off"). Ne restent alors que les gros sabots.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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