OBSCÉNITÉ ET VERTU

Après avoir jouer dans nombre de films (« Une équipe hors du commun », « Recherche Suzan désespérément »...), Madonna signe ici son premier film de réalisatrice, une comédie underground, où chacun des personnages, aussi paumé qu'il soit, finit par recevoir son « enveloppe », cadeau providentiel qui transformera sa vie. Certains s'intéresseront à l'impressionnant acteur principal, le marquant Eugene Hutz, dont la présence est indéniable. D'autres comme moi, préfèrerons d'attacher à ce qui compose cette histoire improbable. Bien sûr, on ne pourra pas s'empêcher de penser que le goût de la provoc est décidément le fond de commerce de la dame. Et les fans seront de ce point de vue là, comblés.

Si la peinture sociale est plutôt clichée (ah, la bruyante famille pakistanaise de 5 enfants), les dialogues et situations sont plutôt bien écrits. Les quelques interviews du chanteur philosophe pourront agacer, mais agrémentées de pensées du styles (« si tu veux toucher le ciel, baise un canard et essaye de voler »), ne manqueront pas de faire sourire. Car la Madone s'évertue à ressasser ses thèmes de prédilection (traumatisme lié au père, sadomasochisme...) et cherche à nous convaincre à demi-mots que « la route du succès est pavée d'humiliations ».

On ne sera pas forcément touché par le message, et ce seront plutôt les substituts à l'amour que chaque personnage s'octroie qui donneront de quoi réfléchir (un manteau, un portrait, un bâton de maitre d'école...). « Substitute for love », ça n'était pas d'ailleurs un titre de chanson de Madonna ? Je crois bien que si... Son univers semble en tout cas, avec ce film, prendre un peu plus corps. Reste à transformer réellement l'essai.