Festival Que du feu 2024 encart

10 000

Un film de Roland Emmerich

A 10 000 lieues de la réalité

10 000 ans avant notre ère, la paisible tribu des Yagal est attaquée par les démons à quatre pattes, qui les pillent et kidnappent hommes et femmes pour les livrer en esclavage. D’Leh, jeune chasseur qui réussit à échapper aux pillards, part à la recherche des siens et notamment de celle qu’il aime, Evolett. Dans son périple, il découvrira d’autres peuples mais aussi des dangers jusqu’alors inconnus…

On n’a pas fini de revisiter notre Histoire au cinéma. Apocalypto, Alexandre, Troie, 300, La passion du Christ, Ben Hur, Les dix commandements, Christophe Colomb… tous ces films explorent notre civilisation à travers les âges et cela faisait longtemps qu’on n’avait pas été plongé si loin dans notre passé (La Guerre du feu date de 1981).

Mais Roland Emmerich n’a pas le souci documentaire de Jean-Jacques Annaud. Quoique, lors de la promotion de son précédent long-métrage Le jour d’après, sous couvert de « chiffres atmosphériques » et de « courbes écologiques », il avait réussi à rendre crédible son film devenu presque pamphlet sur les risques dûs au réchauffement climatique sur notre planète.

Puis, l’eau a coulé sous les ponts et Roland Emmerich s’est attaqué à l’ère quaternaire. Encore sous le cachet de l’Histoire avec un grand H ? Rien n’est moins sûr : selon le film, 10 000 ans avant notre ère, les tribus chantaient dans une langue totalement incompréhensible mais parlaient dans une autre langue, avec d’ailleurs un vocabulaire tellement riche qu’on en vient à se demander pourquoi ils appellent la neige une « pluie blanche » ! Les tribus maîtrisaient l’art des dreadlocks et faisaient de l’hygiène leur cheval de bataille aux vues de leurs sourires colgate et de leurs peaux satinées tahiti douche. Non, définitivement, Emmerich a abandonné tout aspect historique pour se concentrer sur celui des légendes et des prophéties. Place à l’action, à l’épique et à la saga.

Hé bien raté aussi ! Emmerich, le grand ordonnateur des Stargate, Godzilla et Independance day se fourvoie avec ce film qualité/prix bas de gamme. Le problème n’est pas tant les effets spéciaux. Là, il s’est forgé une solide réputation en la matière et force est de reconnaître que 10 000 est doté de très bons effets numériques rendant les mammouths et le tigre à dents de sabre très réalistes. Là où ça ne fonctionne pas, c’est au niveau de l’histoire couchée sur le papier… ou sur « la » feuille de papier devrais-je préciser.

Tout sent le réchauffé dans ce film préhistorique, très loin de prétendre pouvoir rester dans l’histoire du cinéma. A sa vision, on a la drôle impression d’assister à un montage de 10 000 films déjà vus et déjà bien digérés, formant cette saga. Et quand je dis saga, c’est plutôt de « Saga africa » qu’il s’agit. Soit un bon rythme mais qui ne raconte pas grand-chose. Ambiance de la brousse et attention les secousses (de mammouths) !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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