ZERO THEOREM
Le nouveau sens de la vie
Le nouvel OFNI signé Terry Gilliam a désormais un nom et une date de sortie, fixée pour la fête du cinéma 2014. Il s'agit du "Zero Theorem", film présenté en compétition au Festival de Venise 2013, dont la complexité avait alors dérouté nombre de festivaliers. Fable foutraque dont seul lui a le secret, "Zero Theorem" nous invite à une réflexion sur le sens de la vie (certainement solution de ce fameux théorème), au travers du portrait d'un marginal interprété par Christoph Waltz (méconnaissable car chauve), sorte de savant fou persuadé de sa prochaine mort, qui manie le virtuel comme projection de son propre esprit et des problèmes qu'il a à résoudre (ici le théorème se traduit par une série de briques en 3D qui peuvent se manipuler et s'imbriquer à l'infini).
Le récit, s'il est par moments assez abscons, met face à face deux visions du monde, une pessimiste et très noire, l'autre positive et pleine d'espoir, avec la rencontre de cet homme qui ne rêve que d'un trou noir qui absorbe tout, et d'une femme pétillante (Mélanie Thierry), qui aime à faire la fête et l'emmènera en rêve sur une plage paradisiaque. À cette parabole sur le besoin de contact et d'amour, l'auteur mêle aussi une réflexion déstructurée sur l'aspect « Big Brother » du monde, entre caméras de surveillance et présence jusque dans la vie privée de psychiatres virtuels à la botte de votre employeur.
Décrivant une nouvelle fois un futur proche de l'ordre du possible, le film bénéficie d'un important travail sur un monde où le virtuel et l'image sont partout (la publicité est omniprésente et s'immisce dans votre vie en vous suivant dans la rue, sur des sortes de bandeaux digitaux...). Partant du monde restreint de son personnage principal, l'ex-Monty Python dessine un avenir où tout est connecté, mais où chacun peut essayer de se construire un monde en sécurité, en partageant ses rêves avec les personnes de son choix. Malgré les ressorts parfois peu évidents de son intrigue, Terry Gilliam séduit une nouvelle fois, par le foisonnement d'idées visibles à l'écran et le rythme effréné du récit, le tout étant teinté d'une poésie qui rappelle que l'homme et son ressenti, devraient rester au cœur de sa vie et son monde.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur