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UNE FEMME IRANIENNE

Un film de Negar Azarbayjani

Un sujet sensible, délicatement abordé

Alors qu'il conduit, en compagnie d'une de ses amies, Eddie, excédé par un chauffard, est arrêté pour excès de vitesse. Mais les policiers ne croient pas à l'authenticité de son permis de conduire, sa photo le montrant avec de la barbe, alors qu'il n'a aucun duvet sur le visage...

Il n'est déjà pas aisé d'aborder la problématique des personnes transgenre et de leur acceptation par la société ou par leur entourage. Negar Azarbayjani ajoute ici le contexte propre à l'Iran, des mariages arrangés aux questions de réputations et de surveillance sociale, pour mieux aborder la peur de la différence qui est à la base de la plupart des discriminations, raciales, religieuses ou sexuelles.

Sur la base d'une histoire de fille désireuse de changer de sexe, et persécutée par son père qui cherche à la séquestrer et la marier de force, le scénario crée la possibilité d'une compréhension en organisant la rencontre fortuite avec une femme faisant le taxi pour rembourser les dettes de son mari, maintenu en prison. De ces deux destins contrariés la metteur en scène Negar Azarbayjani livre d'abord l'incompréhension mutuelle, avant de nous offrir une magnifique scène où chacune livrera ses blessures à l'autre, les visages s'effaçant alors pour faire place uniquement aux voix, la caméra se concentrant sur la route et le parcours sinueux du véhicule.

Porté par deux interprètes investies et justes, le film n'évite pas quelques scènes un rien maladroites, mais qui ont le mérite de poser la souffrance du personnage principal (notamment lorsque la mère engueule son fils pour s'être vêtu en fille...). Reste que les relations avec les voisins et l'entourage sonnent justes et que même les personnages du frère tiraillé et du père, apparaissent au final comme de crédibles êtres humains.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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