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ROBERT MITCHUM EST MORT

Robert Mitchum est mort, Kaurismaki bien vivant !

Arsène, voyou reconverti en manager, s’occupe de la carrière de Francky, un illustre inconnu autoproclamé acteur. Tous deux partent sur les routes direction le cercle polaire, à la recherche d’un cinéaste mythique qui aura peut-être le pouvoir de faire décoller la carrière de Francky.

Attention, OFNI en vue ! Le premier film de Babinet et Kihn est un long métrage extraterrestre, une œuvre à l'entité filmique encore inconnue, qui vient de se poser sur les écrans. Déjà créateurs d'une pastille télévisuelle loufoque et décalée pour Canal + (Le Bidule), les deux cinéastes remettent le couvert pour emmener le spectateur dans une odyssée barrée des plus réjouissantes.

Après « Aaltra », le premier film des trublions de Groland, le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki inspire une nouvelle fois des apprentis cinéastes. On retrouve dans « Robert Mitchum est mort », la même poésie burlesque baignée de vapeurs d'alcool que dans les œuvres du maître scandinave. Mais le film de Babinet et Kihn ne se noie jamais sous les références de son modèle. Au contraire, « Robert Mitchum est mort » déploie un imaginaire qui lui est propre et réussit la jonction entre hommage et création originale.

Au départ déstabilisé par le style des réalisateurs, le spectateur doit attendre quelques minutes pour entrer pleinement dans leur univers. Un temps d'adaptation étrange que l'on n’éprouve presque plus au cinéma et qui marque immédiatement la singularité du métrage. Une fois à l'aise, on part pour un voyage absurde et sensible en compagnie du grand Olivier Gourmet et d'un acteur lui aussi venu d'ailleurs, la révélation Pablo Nicomedes. Leur duo fonctionne merveilleusement et donne toute la saveur à ce road trip éclairé à la lumière blafarde des petits matins. Gourmet excelle en truand sur le retour, qui décide de prendre en main la carrière d'un acteur dépressif. Nicomedes, démarche de zombie et visage qui semble avoir été esquissé par Picasso, apporte quant à lui une grâce insolite qui sied parfaitement au film.

Les références cinéphiliques et musicales, dont le film est truffé, contribuent également à l'originalité de l’œuvre. « Robert Mitchum est mort » est ainsi un hommage réussi aux séries B des années 50, au rockabilly et aux épisodes de la quatrième dimension, un peu comme avait tenté de faire le film « Atomik Circus ».

En dépit de quelques longueurs et de scènes inutiles à la narration, « Robert Mitchum est mort » est un beau voyage sur les routes du cercle polaire, un film tragi-comique déroutant et ambitieux qu'il serait dommage de rater. Babinet et Kihn, deux auteurs à suivre tout simplement...

Arnaud GodardEnvoyer un message au rédacteur

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