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LOU ! JOURNAL INFIME

Un film de Julien Neel

Une adaptation peu convaincante

Lou vit seule avec sa mère dans un petit appartement : joyeux capharnaüm où se côtoient objets de récupération, chiffons, rubans, boites de gâteaux vides et manettes de console de jeux. La petite fille observe régulièrement la fenêtre de l’immeuble d’en face où vit Tristan, le garçon dont elle est follement amoureuse et qu’elle n’ose aborder. C’est alors que sur le même palier que le sien, emménage Richard, un tendre baba cool qui ne quitte jamais son gilet en peau de vieux mouton mort…

Suite au succès de ses bandes dessinées, transposée par la suite en dessins animés, Julien Neel passe à présent derrière la caméra pour donner vie, en chair et en os, à sa petite Lou. Pour se faire, il adapte librement le premier tome de ses aventures où la jeune fille et sa mère sortent de leur routine fusionnelle pour tomber chacune amoureuse d’un de leur voisin. Tristan sera l’élu de Lou et Richard celui de sa maman. Si la trame générale est la même que sur le papier, l’auteur ne retranscrit pas littéralement son histoire à l’écran. La mère est ici traductrice en langue goldave et a pour amie un nouveau personnage : la mère maniaque et minimaliste de Mina. Enfin sont déjà présents les copines Marie-Émilie et K-rine ainsi que le très étrange Mr Juice (la grappe de raisin géante) qui n’arrivent que bien plus tard dans la série.

Afin de retranscrire au mieux l’univers de sa BD sur la toile, l’artiste-plasticien-réalisateur peaufine les décors dans les moindres détails. Sa ville, mi New York, mi Paris des années 70, regorge d’accessoires hétéroclites qui soulignent à merveille l’atmosphère fantaisiste et passionnée de Lou. Pour évoquer l’imagination débordante de ses deux héroïnes, mordues de vide-greniers et de jeux vidéo, Julien Neel n’hésite pas à ponctuer son film d’incrustations numériques, d’animation manga parfaitement maitrisée et de collages animés habilement naïfs.

Malheureusement, malgré tous ses atouts créatifs, la sauce ne prend pas. À l’instar des décors, la direction d’acteur est des plus sommaire, voire inexistante. Les enfants semblent peu sûrs d’eux et récitent leur texte plutôt qu’ils ne le jouent. Les dialogues, mal orchestrés, desservent des répliques pourtant savoureuses juste par manque de tempo. Enfin, pour donner un ton plus poétique à son histoire, le réalisateur use parfois avec excès de la mélancolie de son personnage et estompe toute la répartie qui faisait le charme de la bande dessinée. On a du mal à retrouver la fraîcheur et l’humour truculent du support original où les personnages avaient un caractère beaucoup plus marqué et où les dialogues étaient certes sommaires, mais terriblement efficaces. Un coup de crayon appuyé juste comme il faut est plus sarcastique qu’un rictus timide et maladroit. Des faiblesses qui suscitent au final peu d’enthousiasme pour cette si charmante histoire et qui n’incite guère à entamer une « danse de la joie », même si c’est de loin, la plus belle scène du film. Dommage !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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