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ENTRE LES BRAS

Un film de Paul Lacoste

La touchante histoire d’un père et de son fils

Michel Bras est le propriétaire du meilleur restaurant au monde, trois étoiles au guide Michelin, construit sur les hauteurs de Laguiole. Épaulé en cuisine par son fils Sébastien, il envisage maintenant de lui passer la main. Mais Michel Bras est-il vraiment prêt à léguer son héritage à une personne certes autant passionnée, mais à l’approche et à la sensibilité si différentes ?

Plus de dix ans après « L’Invention de la cuisine », série de portraits de grands chefs dont Michel Bras lui-même faisait partie, le documentariste et cuisiner amateur Paul Lacoste remet le couvert en s’intéressant cette fois-ci plus spécifiquement à la famille Bras. Celle-ci est en passe de vivre un tournant majeur, puisque Michel, le père, a décidé de confier dans un avenir proche la direction de ses établissements (l’un à Laguiole, l’autre au Japon) à son fils aîné, Sébastien. Le film commence ainsi par une scène dans le hangar de leur fournisseur de légumes, avant le lever du soleil, où les deux hommes choisissent la marchandise qu’ils ramèneront en cuisine. Le père, extrêmement soigneux, juge le travail de son fils trop approximatif. Le ton est donné : Sébastien ne sera jamais comme Michel.

Pourtant, si Paul Lacoste s’efforce de montrer, non sans un certain humour, le décalage existant entre le père et le fils (Michel qui n’aurait pas dressé l’assiette comme Sébastien, Michel qui aurait choisi telle alliance d’ingrédients plutôt que telle autre…), il révèle aussi à quel point les deux hommes, finalement, se ressemblent. Sébastien, passionné et soucieux du détail, mène sa brigade d’une main de maître. Malgré tous les commentaires et regards dubitatifs de son père (assez amusants au demeurant), la précision de ses gestes et le ton posé de sa voix ne laissent planer aucun doute quant à sa capacité à remplacer son père aux fourneaux. Et quand on connaît la renommée de l’affaire familiale, cela force l’admiration. S’emparant d’un héritage que beaucoup trouveraient trop lourd à porter, Sébastien accepte cette responsabilité sans pour autant renoncer à sa personnalité et à ses convictions. Paradoxalement, le voir reproduire les gestes de son père, même les plus mécaniques (par exemple dans la façon de déposer les ingrédients du célèbre « gargouillou de légumes » au creux des assiettes) témoigne de son respect profond pour la tradition.

Au-delà de cette touchante histoire de famille et de transmission, qui met tout de même en scène quatre générations (des parents de Michel Bras, toujours vivants, au petit garçon de Sébastien, qui porte déjà la toque), le film délivre de sympathiques tranches de vie, qui permettent d’en savoir plus sur le quotidien des protagonistes. Des briefings donnés par les Bras à leur équipe de service, aux longues séances solo d’élaboration d’une nouvelle recette, en passant par les visites au restaurant du Japon, on assiste à la vie bien remplie de Michel et Sébastien qui, au final, ne se quittent quasiment jamais. Paul Lacoste s’amuse alors à montrer que le lien qui les unit -tantôt fusionnel, tantôt tendu- ressemble à n’importe quel rapport entre un père et son fils. Parallèlement, il lève aussi le voile sur le mythe qui entoure les grands noms de la gastronomie française, les décrivant comme des hommes aux valeurs simples, proches de la nature, qui vouent leur existence à travailler pour perpétuer leur art et leur héritage familial. Un bel hommage au métier, à mille lieues des shows culinaires à la mode qui inondent nos écrans TV.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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