PATIENTS
« Aller aux toilettes c’est un peu un rêve pour moi »
Après avoir été victime d’un accident, Ben se retrouve paralysé dans un hôpital, avant de pouvoir progressivement retrouver sa mobilité et reprendre espoir auprès des autres patients…
Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, envisageait une carrière d’entraîneur sportif avant de devenir célèbre grâce à la musique. Ce projet a pris fin le jour où un accident, suite à un mauvais plongeon, l’a rendu provisoirement tétraplégique incomplet, c'est-à-dire immobilisé sur pratiquement tout le corps. Il passa alors un an en centre hospitalier. La paralysie le rendit dans un premier temps totalement dépendant de ses aides-soignants, avant qu’il ne puisse se déplacer lui-même en fauteuil roulant. Son avenir était incertain dans la mesure où il est très compliqué de savoir à l’avance si un paralysé pourra ou non recouvrer ses capacités physiques. Il pourra finalement suivre une rééducation qui lui permettra de retrouver progressivement l’usage de ses membres, mais il conservera un handicap qui le contraindra à marcher avec une béquille.
Après avoir raconté cette expérience médicale dans son livre « Patients », Fabien Marsaud a décidé d’en faire un film, qu’il a réalisé lui-même avec Mehdi Idir, le réalisateur de ses clips. Ce fonctionnement en duo lui a permis de se concentrer pleinement sur la direction des acteurs et la mise en scène, tandis que son partenaire a pu apporter un savoir faire plus technique, de cadrage et de montage.
Plusieurs films ont déjà traité le sujet de la paralysie : "My left foot" de Jim Sheridan (1989), "Mar Adentro" d’Alejandro Amenabar (2004), "Le scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel (2007). Mais "Patients" se rapproche davantage de "Vol au dessus d’un nid de coucou", dans la mesure où il est avant tout question de relater avec réalisme la vie quotidienne dans un centre médical, du point de vue des malades. Un exercice qu’avait également entreprit en 2014 "Hippocrate" (de Thomas Lilti), du point de vue des soignants. Contrairement à ce dernier film, qui avait une dimension clairement sociale en décrivant les réalités contemporaines des hôpitaux français, celui de Fabien Marsaud est une comédie, un feel-good movie. L’idée est de normaliser la question du handicap en abordant les personnages sans précaution excessive et non pas en leur réservant un traitement privilégié du fait de leur situation. Ainsi il évite d’adopter un ton mélodramatique et exclusivement compassionnel. Au contraire il choisit le ton de l’humour et assume de se « moquer » du handicap, comme les handicapés le font eux-mêmes entre eux, ce qui permet de les dé-marginaliser.
Pour autant le récit s’attache à explorer sérieusement les sujets qu’il aborde, avec un maximum de crédibilité, raison pour laquelle le scénario est calqué sur l’histoire authentique de son réalisateur (à quelques détails près), allant jusqu’à tourner dans le véritable hôpital qui en a été le théâtre. Grand Corps Malade prend le temps d’aborder les multiples aspects du monde hospitalier, de montrer la routine et la monotonie qui s’installe, en faisant le choix de ne pas couper certains passages qui certes alourdissent un peu le récit et l’étirent, mais renforcent son réalisme.
David ChappatEnvoyer un message au rédacteur